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Dévotion
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Dévotion
30 mai 2012

Le solstice de printemps.

Cette journée commençait sous les meilleurs auspices. Mon visiteur me ravit par sa présence que je n’attendais plus. Le soleil s’élevait à peine dans le ciel lorsque je sentis sa présence à la porte.

        -  Quelle merveilleuse surprise, toi ici ! Je n’ose y croire. 

        - Pourtant je suis là, tu comptes m’ouvrir la porte ou continuer de me parler en pensée derrière celle-ci et me faire passer pour un fou. 

J’ouvris en toute hâte le loquet de l’entrée.

       - Je pense que tu es fou effectivement, quelle joie de te voir. Très joli collier dis-moi !  Je ravalai mes larmes de joie sous la taquinerie.

Samuel entra un peu gêné dans le corridor qui servait de salle d’attente.

       - Tu plaisantes, c’est une véritable torture. La première imprégnation a été terriblement douloureuse, comme mes ailles, le sentiment déplaisant reste incrusté dans mon être, je déteste me sentir humain. 

       - Bienvenue dans ma vie de mortel. Samuel deviendrais-tu une mauviette ? Où est le frère courageux et espiègle que j’ai laissé là-haut ? Je lui avais balancé une bourrade dans le dos pour l’asticoter.

       - Courageux et espiègle, ce sont des qualificatifs qui te sont propres. Moi j’ai toujours été la raison et la sagesse. Mon frère, on dirait que tu as la mémoire qui ramollit, sans doute cette vie terrestre…

Et à son tour, il me bouscula de son épaule. Le voir ici avec moi me remplissait d’un bien être que j’avais oublié. A ce moment, je me sentais moi, complètement moi en entier et dans ses yeux je comprenais qu’il en était de même pour lui.

     - Satya, rien ne devrait nous éloigner si longtemps ; il me serra dans ses bras.  Nous serions restés dans les bras l’un de l’autre une éternité en parfaite osmose. Nous étions tour à tour la force de l’un et le repère de l’autre. Deux électrons libres et complets une fois réunis.

      - Comme c’est touchant, sois le bienvenue chez nous Samuel ! 

      - Oh non ! Je voulais te parler seul à seul. 

      - Tu m’en vois désolée, je ne voulais pas déranger, je m’éclipse.  Je connaissais bien Kara et cet aparté l’avait piquée au vif. Samuel recula et me regarda interrogateur.

        - Idiot, c’est sa spécialité de lire les pensées des anges. 

        - Je suis navré, je ne voulais pas être désobligeant. 

        -  Rassure-toi, elle a du caractère à revendre, elle s’en remettra vite. Samuel, dis-moi plutôt ce qui me vaut l’honneur de ta présence et pourquoi as-tu mis tout ce temps à me visiter. 

Je l’invitai à me suivre sur la terrasse, afin de le mettre un peu plus à l’aise, à mi-chemin du ciel, il se sentirait sûrement moins confiné. Sensation étrange qui gagnait tout ange lors des premières transformations. Je brûlais déjà d’impatience d’évoquer Claire, mais je me retins pour ne pas gâcher nos retrouvailles.

       - La vue est vraiment splendide ! Comment avancent tes recherches ? 

       - Trop lentement à mon goût, crois le bien. Je sens que nous sommes près de trouver une piste sérieuse, mais à chaque fois je me retrouve dans une impasse. Je me contente de suivre les ordres voilà tout. 

       - Je suis venu pour te rappeler que d’ici quelques jours aura lieu le Solstice d’été et que pour la première fois nous allons pouvoir y assister.  Ce qui veut dire : Grand bal, cérémonie, réunions en tout genre. - Le ton était trop enjoué  pour que ce soit réel. Mon frère voulant participer à des mondanités, étrange, cela ne lui ressemblait aucunement.

       - Le Solstice ! Cela fait déjà dix années terrestres que nous avons eu nos ailes, comme le temps passe vite ! 

      - Sans oublier la cérémonie des mariages, des naissances et l’intronisation des nouveaux anges. 

      - Oui, enfin mariages et naissances nous ne sommes pas concernés, sauf si tu as quelque chose à m’avouer et pour l’intronisation n’ayant pas d’enfant en passe de recevoir ses ailes, je ne vois pas ce que l’on pourrait y faire, même si je dois bien avouer qu’y assister me plairait pourtant beaucoup. 

        - J’aimerais te dire que mariages ou naissances me concernent, hélas je crois que chaque lune je m’en éloigne un peu plus. - Les yeux de Samuel s’étaient subitement assombris. Je cherchai mes mots pour ne pas dire son prénom et garder un ton désinvolte. Mais non comme pour bien faire, il clignotait en alerte rouge dans ma tête : Claire ! Claire ! Claire !

       - Laisse-leur du temps Samuel, je suis certain que les choses vont évoluer. – Je n’avais rien trouvé de mieux et j’en étais navré.

      - Le ciel ne m’accordera  pas la possibilité d’être uni solennellement, mais pire  je doute qu’elle en ait vraiment envie. 

Même Samuel n’avait pas réussi à la citer, j’étais sous le choc.

      - Comment peux-tu dire une bêtise pareille, tu as perdu la tête ! 

      - Arrête-ça Satya, c’est un ange d’exception et l’être le plus parfait que l’univers ait porté et je l’aime plus que tout au monde, c’est pour toutes ces raisons que je suis là devant toi ! 

      - Ce n’est pas pour le Solstice alors ? 

      - C’était juste un prétexte de toute manière, tu avais oublié n’est-ce pas ? 

      - Oui, je suis juste surpris que Kara, elle, l’ait passé sous silence. Cette fille n’oublie rien et surtout pas une occasion de faire la fête, porter une belle robe et me voler une danse. J’étais convaincu qu’elle savait pour le Solstice et qu’elle ne perdrait pas une occasion pareille. Pourquoi ne pas m’en avoir parlé, elle devait forcément préparer quelque chose en coulisse.

       - Kara, j’avais oublié, comment ça marche tous les deux ? 

       - Et bien en toute franchise, on s’entend plutôt bien et elle m’est d’une aide et d’un soutien très précieux, je ne pense pas que je tiendrais le coup sans elle ici loin de toi, loin du ciel. 

       - Loin de Claire !  Mon cœur venait de bondir de ma poitrine juste à l’évocation de son doux prénom. Je m’empressai de fermer toutes les portes de mon esprit et de prendre un air détaché.

       - J’ai fait un trait sur tout cela Samuel et une éternité de servitude ne sera pas assez pour que tu me pardonnes ce qui s’est passé.  Je le sentais parcourir mes pensées, mais je tins bon et  rien ne filtra.  Merci Kara. 

      - Justement, tu es tellement impliqué dans tout cela qu’il est hors de question que je te laisse en dehors. 

      - Je ne te suis pas là ! Est-ce qu’il y a un problème avec Claire? J’avais lâché le mot et comme un couteau aiguisé  planté dans mon cœur, la douleur que j’occultais, jaillit par tous les pores de ma peau.

      - Je sais que Claire m’aime énormément, mais elle t’aime également et je crois que cet amour est plus fort, peut-être différent aussi. Je sais c’est absurde, j’ai tourné cela dans tous les sens, mais les signes ne trompent pas.  Nous sommes tous les trois pris dans un tourbillon de sentiments triangulaire qui est stable seulement si nous sommes trois. 

      - Tu as perdu l’esprit ? Qu’attends-tu de moi exactement ?  Des larmes perlaient sur ses joues, l’humanité permettait cela et il fut lui-même surpris.

      - Qu’est-ce qui me prend ? 

      - Tu es juste un humain un peu plus évolué qu’un autre sur terre, mais humain tout de même. Je ne comprends pas ce que tu attends de moi ou j’ai peur de trop comprendre. Comment en es-tu arrivé à cette conclusion si fantasque ? 

      - Trop de choses mon frère. Elle n’est pas heureuse, je le sens. Elle me parle souvent de toi. Elle me demande de lui conter combien nous sommes proches, ce qui nous unit autant. Je vois bien qu’elle cherche à comprendre pourquoi elle se sent également si liée à toi, même si elle tente de ne pas y penser. 

      - C’est sûrement la perte de l’enfant ! 

      - Non ! Satya, Gabrielle avait raison. Depuis sa dixième ablution, elle n’en a plus jamais reparlé, pas même un sous-entendu. Elle a oublié, mais toi elle ne t’oublie pas. 

     - Je ne sais pas quoi dire, je suis encore plus bouleversé. 

     - Ce n’est pas tout, malgré notre proximité, notre tendresse échangée, je ne l’ai jamais sentie prête à passer le cap. 

Je n’étais pas sûr de comprendre. Etait-il en train de me dire qu’ils n’avaient aucune intimité ? Je les avais pourtant entendus ce malheureux jour, sous la douche.

       - Tu veux dire que vous n’avez jamais… 

       - Non ! Pourtant ce n’est pas important pour moi. Je désire juste l’avoir à mes côtés chaque jour, sa simple présence me comble de bonheur. Je veux simplement qu’elle retrouve un peu de sérénité. J’aspire purement à la voir sourire spontanément, l’entendre rire ou plaisanter. A présent, elle est comme formatée en ange parfait, travaillant à la perfection. Quand je la regarde dans les yeux, je ne vois plus l’étincelle qui animait son cœur. 

Je n’osai repenser à la séance de la douche et j’en remis l’analyse à plus tard. Le portrait qu’il me décrivait était effectivement alarmant.

      - Je ne vois pas comment je peux t’aider. 

      - Je veux que tu la voies et que tu me dises ce que tu en penses. Après nous aviserons conjointement. 

      - Nous trouverons une solution, mais je suis bloqué ici pour le moment. 

      - Tu es la solution Satya. Je veux que tu lui parles. Peut-être te dira-t-elle des choses qu’elle n’ose me dire. J’avoue que je ne suis plus objectif et j’ai besoin de ton soutien, tu as promis, rappelle toi, tu me le dois. 

     - Je ferai tout mon possible, compte sur moi. 

     - Le solstice sera un bon prétexte pour te rendre au ciel.  Je dois partir, je commence à avoir faim et froid, je déteste être humain. Je compte sur toi mon frère ; ne me laisse pas, ne nous laisse pas.

Il me serra brièvement dans ses bras et partit en toute hâte.

J’étais sous le choc, je souhaitais de toutes mes forces que Kara n’ait pas entendu toute cette conversation. Je ne voulais pas blesser d’autres personnes. Ma première pensée fut pour elle et  j’en fus stupéfait, elle comptait pour moi à présent et je commençais à l’envisager comme elle me l’avait demandé. Revoir Claire et imaginer qu’elle éprouve des sentiments à mon égard remettait tout en question.

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  • La raison du coeur est tel toujours toujours la meilleure Il nous arrive tous à un tournant de notre vie de devoir faire un choix: le coeur ou la raison. (Reproduction interdite sans autorisation .)
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