Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Dévotion
Newsletter
Dévotion
2 mai 2011

Chapitre IV- Un battement d’aile.

    De retour dans les murs du château, la tension était tout naturellement  remontée d’un cran. J’aurais voulu échapper à cette confrontation, je culpabilisais tellement. Clotaire n’avait pas fait état de la naissance, tel en était d’usage. Décidément le temps était aux changements. D’habitude la naissance donnait lieu à une grande fête d’intronisation, afin d’accueillir le nouvel ange dans sa nouvelle vie et de le présenter à l’assemblée.

La fête aurait dû être encore plus grande car Claire renaissait à maturation complète, chose très rare. Mais la situation était tellement atypique que Clotaire avait passé tout cela sous silence, attendant des jours meilleurs pour se réjouir.

Sur une même ligne, derrière Clotaire, nous sommes entrés dans la salle des naissances et là devant l’incubateur, nous sommes tous les trois restés bouche bée. Il était vide, chacun notre tour nous dévisagions l’autre surpris. La pièce était semblable à une grande chambre d’hôpital, sauf que le matériel était d’une technologie bien supérieure à celle des humains. Des incubateurs d’acier étaient reliés à différentes machines alignées. Le sol et les murs étaient d’un blanc immaculé. Seuls la lumière et le silence dormaient en ces lieux.

Soudain, on entendit un bruissement de plumes et un petit rire timide et amusé résonnant au fond de la pièce. Elle était là, dos à nous. Une femme magnifique s’esclaffait à présent, telle une enfant. Sa silhouette brillait de mille facettes, de longs cheveux blonds descendant en cascade sur ses hanches où débutaient de fines cuisses rosées. La lumière que renvoyait sa peau était intense. Dans un second éclat de joie elle déploya ses ailes. Un nouveau rire remplit la pièce d’une joie pure et bienfaisante

Un choc collectif venait d’assombrir le tableau angélique et pétrifia les spectateurs fraichement arrivé. Mon frère et moi avions crié notre stupeur dans la tête de l’autre, sans qu’un mot puisse sortir de notre propre bouche. Et Clotaire d’habitude si éloquent était resté stoïque.

      - Mais pourquoi ses ailes sont noires ? 

 Claire s’était retournée vers nous. Découvrant qu’elle n’était pas seule, elle attrapa la toge blanche  posée sur la chaise devant elle et l’enfila avec hâte. Deux grandes ouvertures dans le dos facilitaient le passage des ailes. Maintenant présentable, elle  écarta ses bras et fit un tour sur elle-même pour faire admirer le résultat. Personne n’avait pris acte de sa nudité, les visiteurs étaient sous le choc de découvrir que Claire arborait un plumage qui ne lui était pourtant pas destiné. Clotaire réussit avec beaucoup de peine à prendre la parole.

      - Bien, les enfants je dois vous laisser ! Je vois que Claire va bien, bienvenue parmi nous Claire, je vous verrai bientôt. Clotaire était un vrai magicien, en une seconde il avait disparu. Certainement  déjà à la recherche de réponses.

      -  Heu, je crois que je vais me retirer aussi, on se parle plus tard, j’ai des choses à faire. Je suis très heureux de te voir parmi nous Claire, Samuel va te faire voir tous les rouages de la baie des anges, on se voit plus tard je suis attendu.  J’avais pris congé à mon tour. Restant figé derrière la porte, je participais en secret aux retrouvailles, à mes dépens hélas.

 Claire n’avait prêté aucune attention à Clotaire ni à moi-même. Elle avait  seulement fait un hochement de la tête sans détourner ses yeux plongés dans ceux de Samuel.

       - Mon tendre amour, est-ce que je suis le reflet de tes attentes, n’es-tu pas trop déçu ? J’attends ce jour depuis tant de vies.  En une fraction de seconde, elle était suspendue aux lèvres de Samuel. Oubliées la couleur des ailes, la discussion précédente. La manière dont Claire venait de donner ce baiser était sans équivoque.  Il signifiait une demande de partage mutuel, d’une grande intensité, nul doute que c’était un indicateur de reconnaissance d’un degré d’amour renouvelé. A cet instant, Samuel retombait en amour ; l’union de leurs lèvres si parfaitement faites l’une pour l’autre, annonçait leur nouvel engagement.  Et en parfait miroir de mon frère, je prenais en plein cœur tout cet amour qui ne m’était pas destiné.

       - Tu es magnifique, comme toujours parfaite en tous points, comment veux-tu que je sois déçu ? C’est impossible. En ce jour de renaissance, Claire, mon ange pour la vie, je te confie mon amour éternel sans limites, par delà les frontières, par delà les nuages je suis à toi à jamais. 

 

    - Oh!  Samuel, pourtant je ne suis pas la blanche colombe que l’on aurait voulue, il faut que je te dise je suis loin d’être parfaite !

       - Chut ! Je sais, personne n’est fautif, tout le monde est coupable de ses sentiments et nous allons faire avec et essayé de passer au-dessus de tout. Comment te sens-tu ?

        - Plutôt bien, je crois. Légère comme une plume en faite. Un petit rire résonna dans la pièce.

Samuel avait pris Claire par la main. Les sentant se diriger vers la porte, je me cachai derrière un pilier plus loin. Trop absorbé par Claire, Samuel n’avait même pas senti ma présence. J’aurais voulu partir sans me retourner mais, je n’y suis pas arrivé.

         - Viens, que je te fasse voir ta nouvelle maison, il y a tant de choses à découvrir ne perdons plus de temps. 

 Ils sortirent de la salle, Samuel lui fit découvrir les pièces du château, les fonctions de chacune. Il la présenta à tous les collaborateurs qu’ils croisaient. Tous, plus étonnés les uns que les autres. Samuel se demandait si c’était du fait de la couleur des ailes de Claire, ou si c’était parce qu’elle n’avait pas été intronisée en public. Etait-ce parce qu’elle renaissait complète ou qu’accrochés l’un à l’autre il n’y avait pas de méprise à avoir sur leurs sentiments. Des milliers de questions sans réponses s’enchaînaient dans son esprit. Il aurait simplement pu lire dans la tête de chacun, mais il était trop préoccupé par un seul visage. La visite se poursuivit toute la journée, en électron libre chacun tournant autour de l’autre. Seuls au monde, malgré la foule du château des anges.

 Peu à peu, je réussi à m‘éloigner de ce duo. Claire emportait mon cœur et ma raison. Je me sentais vide et meurtri. Je perdais ce jour et à jamais l’ange de ma  vie et je devais faire le deuil de l’unité parfaite que je formais avec mon frère, pour les laisser vivre heureux.

43734183

Publicité
Commentaires
Dévotion
  • La raison du coeur est tel toujours toujours la meilleure Il nous arrive tous à un tournant de notre vie de devoir faire un choix: le coeur ou la raison. (Reproduction interdite sans autorisation .)
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Publicité