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Dévotion
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Dévotion
2 mai 2011

Elisabeth

Claire était un ange au ciel et sur terre, Moeira était aux anges.

    Penchée sur le couffin, je me rappelais mes débuts prometteurs de vampire. Emerveillée par la tranquillité du bébé, je déposais doucement de petits baisers sur le front de l’enfant. En me redressant, deux grands yeux ronds m’avaient regardée, à la fois curieux et apeurés. C’est à cet instant et pour la première fois que j’ai entendu une petite voix retentir dans mon esprit.

     - Qui es-tu ? Où est maman ? 

 Stupéfaite,  je reculais deux pas en arrière :

     -  voilà que j’entends des voix. 

Mais les questions revenaient en écho. 

Je remerciais le ciel, la terre, l’eau, le monde et Soltan ; cet enfant était particulier ou je devenais folle.

     - Bonjour joli trésor, n’aie pas peur, je ne te veux aucun mal. Je ne sais pas où est ta maman, nous t’avons trouvé. Tu étais tout seul et moi je suis seule aussi ; j’ai pensé que l’on pourrait rester ensemble pour le moment. 

     - J’ai faim… 

     - Oui bien sûr, sois sage un instant, je reviens de suite… 

 En moins de trente secondes, j’étais revenue un biberon de lait frais à la main et oui l’avantage de se mouvoir à toute vitesse.

Je pris délicatement le nourrisson dans mes bras, il était si fragile que j’avais peur de le briser. Pour plus de prudence, je m’étais assise sur mon lit, juste à côté du berceau. Je présentai la tétine à l’entrée de la petite moue boudeuse, qui ne resta pas bien longtemps fermée. Durant la succion, le petit être écarta la couverture avec le mouvement de ses pieds et je m’aperçus  alors, en le recouvrant avec soin, que j’étais l’adoptante d’une petite fille. Un grand sourire s’inscrivit sur mon visage, une chose rare qui avait disparu depuis des années. Je regrettai que Soltan ne soit pas présent  pour voir ça. Je n’avais pas eu le temps d’être mère mais j’avais été, dans une autre époque, l’aînée de cinq enfants et j’avais  encore de bons réflexes. Le biberon terminé, je couchai la petite au centre du lit. En une fraction de seconde je récupérai dans une petite armoire prévue à cet effet, des langes propres et un carré de couverture en coton blanc, pour l’emmailloter. Intérieurement, je me félicitais d’avoir tout prévu.

Une fois l’enfant propre, je m’étais allongée sur le côté près de ce petit être, tout en lui caressant ses petits cheveux blonds. J’étais pleine de projets et d’espoir pour l’avenir, ce n’était pas arrivé depuis ma vie humaine. J’envisageais ce que nous pourrions faire ensemble, tout ce qu’elle pourrait  découvrir, apprendre. Comment nous allions être un tout l’une pour l’autre, combien je l’aimais déjà.

 La petite s’endormit vite, son petit pouls rapide était régulier. Cette nuit-là, je là recouchai doucement, il était temps pour moi d’aller chasser.

     - Dors, ma jolie Elisabeth, dors maman veille sur toi. 

J’avais déjà trop attendu, ma gorge me brûlait, mais il n’était pas question pour moi de retourner en ville et de m’éloigner de la petite. Alors, pour la première fois, je fis une entorse à mon régime : un cerf ou un renard ferait l’affaire pour ce soir.

La première semaine s’était passée ainsi, je chassais seulement les animaux de la forêt, pour ne pas m’éloigner. Le goût du sang d’animal était infect mais, j’étais prête à ce sacrifice pour ne pas la laisser seule. Je passais mes journées à jouer à la parfaite petite maman.

Au bout d’une semaine, j’avais décidé du lui donner un nom, le plus doux et le plus beau des prénoms : Elisabeth, c’était le nom de ma grand-mère, une femme de caractère avec un tempérament de feu et un cœur angélique. C’était parfait pour elle. Durant cette semaine, elle n’avait pas trop communiqué. Elle me questionnait  sur sa maman, demandait du lait et souriait quelquefois sous mes caresses de mère adoptive. Soltan devait bientôt rentrer, le temps me paraissait si long. J’étais comblée mais, l’avoir à mes côtés me donnait l’impression de former une vraie famille.

 Le matin du neuvième jour de son départ, en me levant, j’avais trouvé Elisabeth assise dans son lit. Le nourrisson avait laissé place à un bébé de quelques mois. Mais comment était-ce possible, ce bébé n’était pas normal. J’étais pleine d’interrogations  et je n’avais personne à qui confier mes doutes, personne à qui demander conseil.

Assise dans son berceau, Elisabeth me tendais les bras.

     - Bonjour Moei ! J’ai faim !  Elle venait de parler une nouvelle fois dans ma tête et de me nommer.

Devant le grand sourire innocent et les deux bras tendus de la petite, mes questions étaient bien vite reléguées au second plan. 

  C’est vrai, la petite avait une croissance impressionnante et alors, j’étais aussi très spéciale après tout rien de si étrange. Mais, finalement je crois que j’appréhendais  surtout la réaction de Soltan. Comment allais-je lui dire « Tu sais, le bébé a une croissance démesurée et me parle dans ma tête. » Peut-être trop direct comme approche, il verrait lui-même à son retour.

ange

 

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