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Dévotion
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Dévotion
2 mai 2011

Pas si seul.

J’ai fini par laisser partir les tourtereaux et j’ai essayé de rattraper Clotaire. Celui-ci  m’attendait dans son bureau dont la porte était ouverte.

 

     - Entre ! Mon fils. Tu as fini ta partie de cache-cache ? 

 

     - Pardon ?  Il était surprenant et moi stupide.

 

     - Elle a fait son choix Satya, tu dois continuer ton propre chemin, tu n’es pas seul. Quelque part sur terre ton enfant a besoin de toi. 

 

Le bureau ressemblait à une bibliothèque mal rangée avec des tonnes de livres sur les étagères, des tonnes de livres empilés à droite, à gauche. Derrière Clotaire, une gigantesque fenêtre donnait sur la verrière. Il était assis, caché derrière des montagnes de dossiers, devant un gros bureau rustique en bois précieux ; c’était le contraste force et classe qui lui allait si bien. Je ne voyais que le sommet de son crâne, mais chaque mot prononcé avait trouvé écho dans ma tête.

 

     -  Et bien ! Nous allons avoir du travail mon petit. 

 

Clotaire ne semblait pas surpris  de me voir arriver,  je dirais même qu’il m’attendait.

 

       - Gouverneur ! Comment se fait-il que ses ailes soient noires ? 

 

       -  Eh bien, j’ai plusieurs théories et toutes se rapportent  à l’enfant. Claire ne veut pas oublier ce petit et pour cela, elle entretient sa douleur de la perte qu’il a causée. Crois-moi il est plus facile d’oublier, que de vouloir se rappeler. Je suis persuadé qu’elle a tellement désiré transmettre la vie, que le choix s’est fait de lui-même. Etant donné que les anges noirs sont la passerelle de la mort à la vie, elle doit penser pouvoir redonner naissance à travers les ablutions. C’est comme  de se repentir.  Enfin c’est ma théorie, mais, je n’ai pas la science infuse.

 

      -  Mais c’est complètement aberrant.  Sa théorie tenait la route.

 

      - Je ne pense pas Satya ! Je dirais plutôt mûrement réfléchi. Par ailleurs, cela ne lui serait jamais venu à l’esprit si elle n’avait rien su de nos us et coutumes, Mais c’est encore quelque chose que tu as dû oublier, quand tu as délibérément raconté comment ça fonctionnait, ici au ciel.

 

    - Alors, tout est ma faute ! 

 

    - Ne soit pas si vindicatif, il est bien tard pour se remettre en question, il va falloir avancer. Ton enfant est perdu dans la nature, il nous faut le retrouver à tout prix. 

 

     - Vous pensez qu’il est en vie ?  Mon enfant avait-il dit, je n’avais jamais imaginé cela sous cet angle.

 

     - Et bien a priori, Claire non ! Elle pense qu’il est mort. Sinon elle ne s’infligerait pas une telle souffrance, mais Gabrielle est formelle et elle ne se trompe jamais. 

 

     -  Mais elle ne pourra jamais convoler avec Samuel, ils ne sont pas de la même branche. A chaque jour suffit sa peine, ton cœur est brisé, tu te soustrais à ton propre amour pour ton frère, te voilà père et maintenant tu te soucies des noces ? Je commence à croire que c’est chez toi qu’il y a eu erreur sur la couleur des ailes. 

 

     -  Je sais, c’est difficile pour vous de comprendre, mais je ne vous en demande pas tant. 

 

     -  Et dieu merci, car je n’ai pas le temps de philosopher sur les méandres de l’amour. La priorité c’est le nourrisson, il faut le retrouver et le ramener sain et sauf. Tu vas donc très prochainement changer de fonction et rejoindre le groupe de sécurité. Mais, d’abord tu dois t’entretenir avec Gabrielle, elle te donnera les derniers éléments de ses visions. Allez, file, on se retrouve plus tard. D’un geste de la main, il m’avait congédié sans me regarder.

 

J’allais changer d’emploi, on ne me demandait pas mon avis, c’était sûrement mieux ainsi et vu les circonstances, je n’étais pas en mesure de refuser quoi que ce soit. J’étais fatigué, les anges ne le sont pas d’ordinaire mais, dans le cas présent, j’aurais  aimé  pouvoir faire taire toutes ces questions intérieures, m’étendre dans des draps frais et ne plus réfléchir. Reposer mon corps et mon esprit qui semblaient peser des tonnes, un peu plus à chaque heure qui passait. Gabrielle et Michel résidaient dans une des quatre tours du château, celle réservée aux archanges. J’étais empreint d’un mélange de sentiments : la peur du devenir, la déception cachée, l’appréhension de devoir laisser toute la place à mon frère. Mais aussi la joie de voir Claire renaître et le soulagement que ni l’un ni l’autre ne soit banni du ciel, comme Soltan. Enfin, pour le moment !

 

Avec cela il fallait prendre acte de nouveaux éléments, les ailes noires de Claire et le bébé kidnappé étaient le fruit d’une union interdite. Cette dernière information était la plus difficile à accepter. Je n’étais finalement pas si seul.

 

Comment Gabrielle allait-elle juger tout cela ? En bas des marches de la tour, un petit groupe de premiers anges parlaient entre eux, mais ma présence fit taire tout le monde. Chacun s’écarta pour me laisser le passage, me saluant de la tête. Dès que je ne fus plus visible, les chuchotements reprirent de plus belle. Dans le tournant de la montée d’escalier j’avais pris deux minutes pour écouter.

 

      -  C’est terrible, il se dit que nous courons tous un grand danger ! 

 

      -  J’ai entendu Logan raconter qu’il y avait du sang partout. 

 

      -  Quelqu’un sait qui est  le nouvel ange noir accompagnant Samuel.   Cette dernière phrase me piqua au vif. Je finis de monter le restant des marches quatre à quatre.

 


914847702

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  • La raison du coeur est tel toujours toujours la meilleure Il nous arrive tous à un tournant de notre vie de devoir faire un choix: le coeur ou la raison. (Reproduction interdite sans autorisation .)
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