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Dévotion
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Dévotion
28 avril 2011

Un lien de parenté.

     Le jour tant attendu était arrivé, ça faisait deux jours que l’âme de Claire avait été ramenée à la baie des anges. L’heure de sa renaissance était venue.

Devant la grande porte en verre opaque de la salle des naissances où les incubateurs reconstituaient le corps humain en corps d’ange parfait,  mon frère et moi faisions les cent pas.

      - Je continue de penser que tu devrais la voir seul, ce n’est pas ma place !  Lui dis-je, d’une voix suppliante. 

      - Non ! C’est important que l’on soit là tous les deux pour l’accueillir. 

La porte s’était ouverte, Clotaire venait à nous.

      - Ah ! Parfait vous êtes là tous les deux, allez m’attendre dans la verrière, je vous rejoins dans un instant. 

Sans attendre de réponse, il avait disparu comme il était venu.

Sans discussion audible pour les autres, nous échangions nos questions, tout en nous dirigeant vers le jardin. Le don de télépathie était un héritage du côté maternel et nous étions heureux d’en avoir hérité tous les deux, dans ces moments de grands secrets et d’incertitudes.

Nous échangions nos interrogations, nos craintes et nos impatiences même si Samuel montrait plus d’entrain.

     -  Penses-tu qu’elle renaîtra complète ? Va-t-elle nous reconnaître ? J’aimerais qu’elle conserve son prénom terrestre. 

     - Je n’en sais rien, je n’en sais rien. 

     - J’espère qu’elle aura des ailes blanches ! 

     - Evidemment, il ne peut en être autrement ! 

Sous la verrière, un calme royal régnait, à cette heure tout le monde était affairé à ses occupations. Nous étions allés nous s’asseoir sur un banc orné de sculptures en pierre blanche à l’abri d’un grand saule.

Samuel fit un tour sur lui-même, pour s’assurer que  nous étions bien seuls. Clotaire n’avait pas choisi le lieu par hasard, ce lieu était un havre de paix. Finalement, le stress avait fait taire tout échange entre nous deux.

Au bout de quelques minutes, le gouverneur foulait d’un pas  pressé la pelouse impeccable, son visage n’annonçait pas la tournure qu’allait prendre la conversation. Nous nous étions levés pour l’accueillir.

     - Mes garçons, asseyez-vous ! Je tenais à m’entretenir avec vous ! Auriez-vous quelque chose à me confier, m’avouer ou encore m’annoncer ? 

J’avais immédiatement baissé les yeux avant de rencontrer ceux de Clotaire, mon frère restait muet de surprise.

      - Bien, je m’en doutais. Je suis heureux de voir que, quoi qu’il arrive, vous restez unis même dans l’adversité de l’amour. J’ai d’abord eu peur que l’histoire  se répète et cause  autant de dégâts qu’à l’époque où votre père s’est retrouvé dans une situation délicate. Enfin, depuis nous avons mesuré à nos dépens, les conséquences de nos choix de l’époque.  Clotaire semblait être parti dans un long monologue quand Samuel le ramena à la conversation.

     -  Pardon, mais je ne vois pas où vous voulez en venir !

     -  Oui ! Pardon, alors prenons ça par un autre bout. Il y a trois semaines, votre mère est venue me confier un présage. Une naissance prochaine, elle n’a pas su dire qui, ni comment ; seulement qu’un enfant allait naître et qu’il jouerait un rôle majeur dans les années futures. Hélas, ce sont les seuls éléments que nous possédons. Donc, je renouvelle ma question : savez-vous quelque chose ? 

     -  Heu…, ne le prenez surtout pas pour du mépris, gouverneur. J’ai un grand respect pour vous mais, je ne vois toujours pas où vous voulez en venir ? dit Samuel, penaud.

     - Et toi Satya, ne vois-tu pas où je veux en venir ? m’interrogea Clotaire.

     -  Est-ce que Claire va bien ? M’inquiétais-je.

     - Ah ! Nous y voilà, on avance enfin. 

Samuel me questionnait maintenant  par transmission de pensée.

     -  Tu sais de quoi il parle, car moi je n’y comprends rien ! 

     - Pour la première partie pas du tout, pour ce qui est de la deuxième je crois hélas que oui, rassure-toi tu vas vite avoir les réponses. 

     -  Est-ce que vos apartés sont terminés ? Je n’ai pas votre don mais, je ne suis pas dupe. Ce matin en inspectant les dernières transformations de Claire dans l’incubateur, quelque chose a retenu mon attention. Le corps céleste renaît plus parfait et l’âme ne garde pas en mémoire les blessures de la vie terrestre. Pourtant, Claire semble s’accrocher à quelque chose ; de plus, la voici parmi nous avec une petite cicatrice brillante dans le bas de son ventre. Pire encore, son scanner montre qu’elle pleure à l’intérieur.  Clotaire leva les yeux  vers nous attendant une réaction.

Donc, voici ma théorie, Claire a enfanté et je suis sûr que c’est la mère de l’enfant dont Gabrielle m’a parlé. Maintenant je veux que vous m’expliquiez  tout de suite ce qui s’est passé après qu’Artus vous ait laissés là-bas dans la maison et si cette naissance incombe à l’un d’entre vous. 

Samuel rembobinait à cet instant toute la scène, cherchant dans sa mémoire où il avait manqué le chapitre « Claire est enceinte ». Il est vrai que depuis la conversation avec son frère, la lettre et l’ange banni, il avait évité tout contact, attendant patiemment l’ablution proche, espérant qu’elle vive et surtout qu’elle renaisse à maturité complète. De plus, il ne savait pas comment réagir devant elle, maintenant qu’il savait que je l’aimais autant que lui.

J’avais pris mon visage dans mes mains pour chercher les bons mots et je racontais tout ce qui s’était passé, sans omettre le fait d’avoir bien veillé à ce qu’elle ne soit pas en transformation vampirique.

- J’ai  réalisé en voyant la plaie sur le ventre que tous les changements physiques de son corps étaient sûrement dus à une maternité, qui me semble somme toute impossible. Hélas, j’ai eu conscience de cet état trop tard. Samuel n’est pas au courant, car moi-même je n’avais que des doutes et j’ai très vite écarté cette possibilité qui me paraissait inconcevable.

Samuel était abasourdi, comment avait-il pu la laisser, dans un moment pareil. Il n’envisageait  même  pas un instant cela  possible, encore moins qui pouvait être le géniteur mais, il ne pouvait en être autrement, il était évident que Satya était celui-ci. Il avait accepté les informations arrivant une à une, sans pour autant avoir de la rancœur. Claire pleurait l’enfant des anges ou peut-être se rappelait-elle l’attaque immonde qu’elle avait subie. Elle, qui n’avait jamais eu d’amant avant cette nuit-là, elle qui n’avait jamais été mère sur sept cycles. Pourquoi le ciel avait-il laissé cela se produire.  Sept vies pour purifier les sept vices principaux, Claire n’en avait aucun sauf si l’amour en était un.

         

        - Me pardonnera-elle de ne pas avoir été là pour la protéger ?  pensait Samuel, je l’entendais dans mon esprit.

        - C’est bien compliqué et surtout très embêtant. Je reste étonné de voir l’unisson de votre amour autour de Claire, malgré vos transgressions du code, l’issue n’est pas fatale pour aucun de vous, croyez le bien. C’était ma plus grande peur, je vous l’ai dit ; je n’aurais pas su revivre ce qui s’est passé entre votre père et Soltan, son frère. D’abord la trahison, la transgression, la colère et tout ce qui s’en est suivi. Ils n’étaient pas jumeaux, peut-être que cela pèse dans la balance. Par ailleurs, qui sommes-nous pour reprocher le sentiment d’attachement et d’affection mutuelle quand c’est l’amour que l’on vous demande de semer. 

Nous écoutions stoïques les nouvelles révélations. Décidément la journée était pleine de révélations et de surprises, bonnes ou mauvaises. L’heure était aux explications et nous allions devoir faire face à ce qui nous attendait maintenant. Mais contrairement à ce que pensait Artus, je trouvais que l’histoire recommençait et j’en étais anéanti. Notre père, frère de Soltan, ce qui faisait qu’il était notre oncle ! J’avais la nausée, ressenti encore nouveau pour moi.

       -  Pardonnez-moi ! Soltan est notre on oncle ? Samuel aussi perdait pied.

       - Effectivement, je dirais plutôt était votre oncle, je pensais que vous étiez au courant. Enfin passons, il y a plus important. Et j’ai une excellente nouvelle pour vous. Claire renaît à maturation complète ce qui est une réussite et je vous félicite, grâce à cette exploit je pourrais plus favorablement plaider votre cause. Je reste très fier de vous. Pour autant, soyez conscients qu’elle fera un choix. L’un ou l’autre, il faudra que l’un de vous s’incline. 

       - Que vont dire les unificateurs ? Cette question me paraissait essentielle.

       - Pour le moment, je me charge de la haute autorité, chacun son travail mon petit. Maintenant, nous allons pouvoir rejoindre la salle des naissances. Il est temps d’accueillir Claire comme il se doit. 

Je trouvais que la situation devenait étrange et rare. Nous avions outrepassé les règles et rien, pas de sanction à l’horizon. Clotaire nous cachait bien des choses, j’en étais certain. Je m’accommodais de ne pas être banni à mon tour,  rassurez-vous, mais la conversation paraissait trop légère pour ne pas mettre mes sens en alertes.

Quant à Samuel, il ne vivait que pour ce moment qui allait enfin arriver. Et il ne semblait pas prendre la mesure du délit.

Au même moment, une équipe avait été dépêchée sur terre pour essayer d’en apprendre le maximum.

 

jdevoy

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  • La raison du coeur est tel toujours toujours la meilleure Il nous arrive tous à un tournant de notre vie de devoir faire un choix: le coeur ou la raison. (Reproduction interdite sans autorisation .)
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