Tu es ma vie

J’attendis que la porte de la chambre se referme sur lui et à mon tour je pris sa place à l’angle du mur. A travers son esprit je me cachais dans mon frère pour mieux le comprendre. Sans défense aucune, il me laissait aller et venir à travers son âme, sans s’en rentre compte. Même s’il avait conscience que cela ne serait pas facile pour nous de nous retrouver, il fallait qu’il mesure le risque. Il avait décidé de ne pas brusquer Claire et il ne parlerait du bébé, que si elle était  à l’origine de la conversation.

Il lui tardait déjà de retrouver la compagnie de sa bien-aimée. Il n’était guère facile de s’aimer entre deux portes, toujours dans l’urgence. Ils avaient peur d’attirer l’attention sur eux plus que nécessaire. Leur amour clandestin était difficile à vivre, ils avaient tellement attendu de pouvoir enfin ne faire plus qu’un. Samuel rêvait de céder à ses désirs, mais ne la sentait pas prête.

Il était déjà beau d’avoir cette harmonie constante en sa présence, qui rendait la vie plus douce et il s’en contentait, même si à chacun de ses regards équivoques son corps le transportait par-delà les nuages.

Le sentir omniprésent me permettait de rester à ma place. Dans cette introspection corporelle, je comprenais que de son côté rien n’était simple non plus. Je pris congé de Claire, sans pour autant quitter cet état d’hôte en, lui glissant un petit mot en pensée.

Il était temps pour lui de voir si la conversation avait eu un quelconque effet sur Claire.

Mon corps physique caché dans un coin, je continuais d’être l’espion dans son âme.

       -  Plus de larmes, je sais, un ange n’est pas censé pleurer. Je vais essayer encore une dernière fois pour te montrer la vérité.  Je ne pourrai pas de nouveau l’exprimer, alors regarde ! 

Les mains lovées dans le creux l’une de l’autre et les yeux dans les yeux, Claire repassait dans sa tête, et par la même occasion dans la mienne, notre entrevue. Samuel était maintenant au spectacle privé, qui avait eu lieu. Il eut envie de sourire, crier ou encore mourir pour elle, en voyant Soltan rentrer.

      - Pardon de ne pas avoir été là. Je ressentais la souffrance de mon frère qui m’oppressait au plus au point.

Sur ses lèvres, elle lui déposa un baiser tout en lui caressant le visage.

      - Tu as toujours été là pour moi. Toute ces vies à m’accompagner, me veiller, me conseiller et tu es là maintenant, c’est tout ce qui compte. 

Elle le tira vers le lit, Samuel n’osait y croire. Le moment était mal choisi, il n’était plus prêt. Les visions d’horreurs le hanteraient une éternité. Comme un pantin hagard, il se laissait faire. Ils s’allongèrent sur l’édredon,  Claire lui tourna le dos, s’emboîta comme une cuillère contre celui de son amour et referma ses bras sur lui. Mon frère referma ses ailes sur eux.

      - Serre-moi juste un instant, raconte-moi comment tout  va s’arranger, sois encore une fois mon ange blanc et fais-moi rêver. Après j’irai de l’avant, finies les larmes et la tristesse, place au bonheur. Nous serons les puissants, ensemble nous ferons face, je suis prête. 

Samuel lui chuchotait à l’oreille une histoire qu’il enjolivait, pleine de promesses et de serments. Une histoire d’amour que l’on récite telle une prière le soir en s’endormant, juste pour y croire….

Ainsi à-travers lui, je pouvais continuer d’aimer Claire à l’insu de tous, sans faire de mal à personne sauf à moi-même.