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Dévotion
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Dévotion
21 mai 2012

Remise en question.

Je commençais à  percevoir ma condition de vampire sous un autre angle depuis que la petite Elisabeth était entrée dans ma vie. La petite me transformait chaque jour. Je m’attachais soigneusement les cheveux, me maquillais avec des teintes plus légères. Le noir charbon de mes yeux était maintenant gris perle, mon rouge à lèvres pourpre d’avant avait laissé place à une couleur plus légère. Ma garde-robe noire et rouge côtoyait maintenant du vert, du prune et même du crème. Elisabeth continuait de grandir chaque jour. Après une demi-lune, l’enfant commençait à marcher, la période quatre pattes avait duré quelques heures. Aujourd’hui, on lui aurait donné quatre ans. C’était une magnifique petite fille, elle ressemblait aux poupées en porcelaine que j’avais vues dans une vitrine de la nouvelle Orléans. Des boucles blondes tombaient en anglaises sur ses épaules. Je passais des heures à prendre soin de ma princesse, l’habillant des plus beaux vêtements, que Soltan dérobait lors de ses nombreux voyages lointains. Les vêtements étaient trop petits d’un jour à l’autre, il fallait donc régulièrement se réapprovisionner.  J’avais du mal à faire la cuisine, l’odeur me dégoûtait. Alors j’exerçais tous les jours mon pouvoir hypnotique sur une humaine en ville qui faisait la cuisine pour moi enfin plutôt pour Elisabeth. En récompense, je ne prélevais qu’un peu de sang de la malheureuse afin que celle-ci soit encore apte à cuisiner et j’utilisais, à mon bon vouloir, mon pouvoir hypnotique. Soltan avait proposé de transformer la cuisinière dès qu’une occasion se présenterait, mais j’aimais cette petite sortie furtive et elle ne voulait personne dans ses pattes à la maison.

Par ailleurs, je ne voulais plus imposer cet état de demi-mort à quelqu’un qui ne l’aurait pas choisi.

L’enfant n’avait jamais pleuré, et les babillages n’avaient pas laissé place aux mots. Elisabeth souriait, rigolait parfois, mais ne parlait jamais. Enfin jamais à haute voix.

Je l’entendais me poser des questions ou répondre, par transmission de pensée, aux miennes. Mais, il n’y avait pas d’échanges éloquents, pas de vrais mots audibles. La plupart du temps, la petite restait assise, pensive, devant la fenêtre.

- Qu’est-ce qu’il y a Elisabeth, tu as vu quelqu’un ? Tous les jours je posais des questions, sans jamais obtenir de réponses. Les yeux dans le vide, la petite semblait attendre, mais attendre quoi, je ne le savais pas et ça me mettait mal à l’aise.

- Peut-être aimerais-tu sortir un peu ? 

- Oh oui, j’aimerais cueillir les fleurs  sous ce grand arbre, mais il ne veut pas. Elle continuait de communiquer seulement par la pensé. Son langage était très avancé pour son jeune âge et j’avais toujours du mal à croire qu’il n’y a pas si longtemps, elle n’était qu’un petit bébé.

Il, c’était Soltan, Elisabeth ne le nommait jamais, comme si son nom était une malédiction. Les jours passés n’avaient pas renforcé les liens entre mon mari vampire et la petite fille angélique. Elle  s’enfermait toujours derrière son mur de protection dès que celui-ci tentait d’approcher et il ne l’entendait pas parler. J’étais en communion avec mon amour pour Elisabeth. Je trouvais son pouvoir protecteur spectaculaire et intérieurement ça me rassurait. Si l’avenir tournait mal, personne ne pourrait lui faire de mal, ni se servir de son sang.

Quelques jours auparavant, des échanges virulents avaient éclaté, Soltan se sentant exclu du nouveau couple fusionnel que je formais avec ma fille adoptive.

- Il faut lui laisser du temps, peut-être qu’elle se rappelle ce qui s’est passé et t’en veut. En plus, tu empestes la mort, va te laver, rase toi, soit présentable, comment veux-tu qu’elle n’ait pas peur ? Même moi, je te reconnais à peine. 

- Oui et bien rends-toi compte que je n’ai pas changé, contrairement à toi, nourrice. Et que ce n’est pas ton jouet qui va me dire comment je dois diriger ma vie. Je vous conseille à toutes les deux de revenir à de meilleurs sentiments à mon égard, sinon les choses vont changer plus vite que prévu ! 

- Moeira, ne répond pas, il est en colère, il va te faire du mal. M’avait elle posté dans ma tête.

Je regardai fixement la porte de la chambre entrebâillée. La petite était debout là devant, prenant soin de moi. J’étais émue, je trouvais cela tellement touchant. Je ne voulais pas la savoir inquiète et alors que j’allais m’emporter comme à l’accoutumé, je calmais le jeu.

- Très bien Monsieur. C’est volcan que l’on aurait dû t’appeler et non Soltan, viens donc mon petit jaloux, que je te fasse un gros câlin. Je le tenais dans mes bras, il était dos à la porte. La petite me fit un signe de la tête et referma l’accès sans bruit. Il s’était laissé faire mais avait préféré aller chasser plutôt que d’accepter mes avances prometteuses, que j’aurais d'ailleurs fini par freiner à cause d’Elisabeth.

Le reste du temps Soltan était peu présent, Il savait que les anges ne tarderaient pas à les débusquer et il cherchait déjà une autre cachette. Nous étions déjà resté là trop longtemps, un mois de plus n’était pas prudent. Les troupes vampires causaient quelques soucis et il fallait régulièrement faire des visites surprises sur les différents camps. Son temps passait aussi à chercher d’autres anges. Le ciel avait dû prendre de nouvelles mesures car ça faisait un mois qu’il n’avait pas trouvé d’élu. La mort s’impatientait, elle commençait à poser des questions sur Elisabeth.

Moi, je restais loin de toute cette révolution, je n’aspirais qu’à être une meilleure mère, chaque jour. Et Aujourd’hui mon enfant voulait prendre l’air, quoi de plus normal.

- Viens, ma chérie, nous allons sortir, mais pas longtemps, juste le temps de faire un petit bouquet et nous rentrons. 

- C’est vrai ? Merci Moei. » Elle me gratifia  d’un sourire qui aurait fait fondre même un cœur de pierre.

La petite avait applaudi de joie, elle avait sauté de sa chaise et à la vitesse de l’éclair, elle se présentait à la porte, prête à sortir.

-  Ah Elisabeth, ça remet en question la sortie, je te préviens. Il faut rester devant la maison, je compte sur toi.  Comment pouvait-elle se déplacer à la vitesse d’un vampire ou même d’un ange ? Je commençais à regretter d’avoir autorisé cette sortie, mais les yeux pleins d’espoir de l’enfant me rendaient vulnérable.

Après tout, moi aussi pouvais courir à vive allure et le temps d’un battement de cil, je me tenais derrière la petite, prête à sortir.

 vn6efhre

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