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Dévotion
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Dévotion
22 mai 2012

Chapitre XI. La maison de mes rêves.

A mon retour, je trouvais ma jeune adolescente assise sur sa chaise, comme à l’accoutumée. Mais dès mon arrivée, un flot de paroles sortit de sa bouche, contrairement aux autres jours.

      -  Oh, Moeira, tu en as mis du temps. Alors, dis-moi, qu’y a-t-il de nouveau au pays du néant où il ne se passe jamais rien. 

       -  Je crois bien que cela va changer, ma toute douce, nous allons déménager. 

       -  Déménager ? » Elisabeth n’eut pas la première réaction à laquelle je m’attendais. Au lieu de la voir sauter de joie, je perçus de l’inquiétude dans ses yeux qu’elle venait de baisser.

      -  Eh bien, où est ton entrain, ton désir de découvrir le monde, de voir d’autres personnes ? 

      -  Je ne sais pas Moeira, est-ce bien raisonnable ? 

Je ne pouvais lui expliquer réellement les causes de notre départ, cela l’aurait davantage inquiétée.

      - J’ai pensé qu’il était temps pour toi, pour nous, de voir d’autres choses. Nous allons vivre au bord de la mer, dans une petite ville, et Soltan nous rejoindras plus tard. 

        -  Dit comme cela, ça à l’air fantastique, sauf que je ne sais pas ce qu’est la mer, ni la ville, et que j’aimerais oublier qui est Soltan. 

      - Et c’est pour cela que je t’ai ramené un tas de journaux et de livres, afin que tu puisses voir les merveilles de monde. Une nouvelle vie nous attend ; fini de se terrer ici comme des bêtes sauvages. 

Je déposai sur la table devant elle des montagnes de livres et journaux.

      -  Voila qui devrait t’occuper une partie de l’après-midi. Je dois faire les derniers préparatifs, nous partirons demain. 

Comme une petite fille assoiffée de connaissance, elle s’empara des revues, les feuilletant avec soin.

      - Je sais que tu ne sais pas lire, nous aurons tout le temps pour remédier à cela une fois à Bellême. Je te fais confiance Elisabeth, reste bien dans la maison, je reviens très vite. 

Sans même lever la tête, elle acquiesça, absorbée par les ouvrages.

Mes allers et venues ne facilitaient pas les choses compte-tenu le manque de temps que j’avais pour  mettre en place toute une nouvelle vie. Je pensais déjà faire une halte chez la cuisinière. Prélever un peu de son sang me serait profitable pour avoir les forces nécessaires. Il me fallait fouiller la ville à la recherche d’un lieu adéquat. Je devais trouver une maison paisible, assez grande et à l’abri des regards. Je me voyais déjà sur la terrasse en bord de mer, sur le balcon, Elisabeth me faisant la lecture. Il me faudrait sûrement supprimer les occupants actuels. Cette solution permettrait d’avoir un lieu déjà habitable auquel il ne me resterait plus qu’à ajouter une touche personnelle.

J’avais décidé d’écumer les maisons du bord de mer en priorité. Le port était un lieu parfait pour me repaître, mais en aucun cas pour me domicilier. Je longeai la côte. Le soleil commençait déjà à décliner, ce qui allait me permettre de me mouvoir beaucoup plus vite. Les rues devenaient peu à peu plus silencieuses et parfois même désertes.  C’est à ce moment-là que ma gorge décida de recommencer à me brûler, la soif reprenait le dessus sur moi. Il me fallait rapidement trouver ce que je cherchais. Je sentais mon visage se crisper et mes yeux s’assombrir. Je n’y arriverai pas à temps. Au détour d’un bloc rocheux suspendu au dessus de la mer, la maison se tenait là, au-dessus de ma tête, au dessus de la ville. Il aurait fallut faire un long chemin pour arriver là-haut pour un humain, mais pour moi deux coups de vent seraient suffisants.  Le temps et l’air salin avaient travaillé le bois. Mais la maison était parfaite. La vue donnait d’un côté sur l’océan et de l’autre sur la ville. Ici, j’aurai l’impression d’être la reine dans son château, avec son peuple vivant plus bas. Dans mon cas, c’était plutôt mon garde-manger, mais cela ne faisait pas grande différence. La maison ressemblait à celle que l’on trouve en Louisiane ; son style victorien et son avancée m’avaient immédiatement conquise. Elle serait à moi, quoi qu’il en coûte.  Je me voyais déjà remercier chacun des occupants  et ma soif grandissait au fur et à mesure.

Un grand panneau planté devant la maison annonçait que je ne trouverais personne à consommer dans l’immédiat : A Vendre.

Ce bijou représentait plusieurs avantages à venir et inconvénients immédiats.

Premièrement, pas âme qui vive donc pas de sang. La maison était à vendre, je devais donc trouver la personne, qui pourrait à la fois me la céder et me nourrir par la même occasion.

Heureusement, la nuit avait jeté son voile sur la ville. Il me fut très facile de trouver le notaire, car j’avais repéré l’office à deux rues de chez la cuisinière, au temps où je venais prendre des repas pour Elisabeth. Ma tête bouillonnait, je commençais à perdre le contrôle.

«  Concentre-toi Moeira. » Je me répétai la marche à suivre pour garder la tête froide.

« Entrer sans effraction, écouter le battement régulier du petit cœur qui bat dans les murs. Me nourrir sans le tuer et l’hypnotiser pour lui faire signer l’acte de propriété. »

 Il me faudrait également effacer sa mémoire afin qu’il oublie l’existence même de ce bien. »

J’entendis trois battements de cœur différents, et l’odeur de chacun des habitants me permit de ne pas faire d’impair. Un enfant, une femme et un homme. La femme ne partageant pas la couche de l’homme, je ne pris pas la peine de m’aventurer car si celle-ci était vierge j’étais finie.

Mon plan ne rencontra aucun accroc, même si j’avais un peu trop bu sur le pauvre homme. Dans quelques jours il serait de nouveau en pleine forme.

Au loin l’église me rappela que j’étais partie plus longtemps que prévu et ma fille devait être inquiète. Je renonçai à ma visite chez la cuisinière et repris le chemin du retour, mon acte de propriété sous le bras. Les bois pourraient encore une fois offrir un pâle complément à mon alimentation, mais ma soif était calmée pour quelques heures, le temps de rassurer Elisabeth.

thCAXVSAGK

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  • La raison du coeur est tel toujours toujours la meilleure Il nous arrive tous à un tournant de notre vie de devoir faire un choix: le coeur ou la raison. (Reproduction interdite sans autorisation .)
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