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Dévotion
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Dévotion
22 mai 2012

La piste.

    Tout était en place. J’avais acheté, dans une petite boutique, une paire d’alliances. Kara avait passé l’anneau à son doigt et enfilé la parfaite tenue de l’épouse du Docteur Angélus, notre nouveau nom de famille. Le problème, c’est qu’elle ne quittait plus son personnage. Cela amusait beaucoup Sacha et Emeric.

A leur retour, nous avions fait une réunion extraordinaire qui avait duré toute la nuit.

Kara irait prendre des cours de cuisine chez la servante comme convenu. Sacha et Emeric se relaieraient pour surveiller la demeure. Il me fallait, moi, ouvrir un cabinet. La solution salvatrice du soir s’était finalement révélée une parfaite couverture. Plus besoin de parcourir la ville pour avoir des informations, la clientèle viendrait elle-même se confier à moi. Pour cela, il me fallait le nécessaire de médecin. Un aller-retour au ciel pour passer commande suffirait à faire livrer ce dont j’avais besoin. Cela prit une seule nuit ; le lendemain tout était en cartons dans le salon.

Je n’avais plus qu’à réaménager une partie de la demeure en cabinet. Sacha et Emeric seraient, tour à tour, les déménageurs et les ouvriers chargés des travaux, afin de donner le change aux habitants. Nous avions convenu qu’ils se chargeraient tous les trois de faire la publicité du cabinet. Ils devaient en parler aux gens, rien de tel que le bouche à oreille pour faire arriver les curieux, les vrais malades ou la future concurrence. Nous inventerions quelques guérisons miraculeuses et le tour serait joué. Les journées et les nuits étaient trop courtes pour pouvoir faire tout ce que nous voulions. La condition d’humain avait pris le dessus et j’obligeai chacun à aller ressortir ses ailes, d’une part pour ne pas oublier que nous n’en étions pas, et d’autre part pour retrouver des forces immédiates. Le manque de sommeil et le stress nous rendaient plus faibles. Il fallait impérativement être au maximum de nos compétences.

Kara s’amusait comme une petite folle, mais malheureusement aucune information ne vint du côté de la cuisinière. Elle ne se rappelait pas de la cliente, aucun nom, aucun prénom, elle n’était même pas sûre de pouvoir la reconnaître si elle passait la porte.

      -  Je pense qu’elle a été hypnotisée, nous ne pourrons rien en tirer. Je scanne son esprit chaque jour : aucun souvenir, le vide complet. Je suis navrée de l’avouer, mais à part la cuisine, elle ne peut rien nous apprendre. De plus, personne ne s’est présenté jusqu’à maintenant et je doute que celle qui nous intéresse revienne.

      -  Je comprends, mais nous ne pouvons prendre le moindre risque. Donc à tour de rôle, vous la surveillerez. 

Tous trois avaient validé. La cuisinière fût notre première cliente et je pus constater que la plaie n’avait pas été rouverte. Je décidai donc de procéder à une semi-cicatrisation pour prouver mon savoir de médecin.

Je rappelai Kara à mes côtés, au bout d’une semaine. Le cabinet faisait le plein et il me fallait une assistante. J’étais le docteur Angélus cinq lunes par semaine et le reste du temps nous recoupions nos informations avec l’équipe d’Artus.

J’étais jaloux d’apprendre qu’Artus menait des combats, qu’il sauvait des vies, contrairement à nous, qui restions fondus dans la masse, petits gratte-papiers, collecteurs d’informations. Parfois, les garçons râlaient en entendant les récits relatés par Kara, qui tenait les informations de sa sœur jumelle, Mélia.

J’étais furieux et je me sentais inutile.

      - Ne sois pas si sévère avec toi-même, Mélia m’envie et Artus est très fier de notre travail. 

      - Artus très fier ? Tu plaisantes ?  Je le vois déjà, sourire aux lèvres, ravi d’être le meilleur guerrier. 

      - Tu te méprends je t’assure, cher mari. 

Je regardais le ciel et j’avais très envie de ne prendre aucune précaution, de me jeter dedans et de déployer mes ailes ; Voler des heures et des heures pour ronger mon frein. Peut-être même retourner au château juste pour apercevoir Claire. Je n’y avais pas pensé depuis des semaines.

Dans mes pensées d’évasion, je sentis la main de Kara dans la mienne. Elle posa sa tête le long de mon bras et regarda à son tour au loin.

      -  Si nous allions marcher près de la mer pour nous détendre un peu ? Voila deux semaines que nous travaillons sans relâche. 

      - J’ai besoin d’être seul, je te remercie. 

      - Personne n’a besoin d’être seul, je suis ta femme maintenant et je te ne laisserai pas te tourmenter alors que tu n’as aucun reproche à te faire. 

       - Nous ne sommes pas mari et femme Kara, dois-je te le rappeler.  C’est juste une mascarade pour notre mission. 

      - Pour ma part, le faux semblant ne fait qu’accentuer le désir réel. Je ne joue aucun rôle, c’est moi toute entière que cela te convienne ou non.  Elle me lâcha la main et recula d’un pas derrière moi, sans doute offusquée de mon manque de tact.

      - J’ai besoin de me changer les idées, je pense que je vais aller voler un peu. 

Dans la pénombre de la pièce baignée du clair de lune, j’entendis des vêtements se déchirer et de petits courants d’air vinrent soulever mes cheveux.

Je ne voulais pas croire qu’elle l’avait fait et je n’osais me retourner.

      -  Je viens avec toi ? Sans la regarder, je sentais déjà mes joues rouges.

      -  Tu n’étais pas obligée de sortir tes ailes ici, il est hors de question de prendre l’envol de la maison, c’est trop risqué. Je voyais clair dans ses intentions, comment allais-je sortir de cela.

      - Très bien. J’entendis le cliquetis de son collier et ses ailes se rétracter. Elle se tenait là, à demi-nue, humaine, derrière moi et je sentais juste son souffle chaud.

       - Satya, regarde-moi !  Elle se tenait droite comme un paon.

      - Je ne peux pas faire cela, ce n’est pas convenable. 

      -  Nous sommes humains, mari et femme qui plus est. Pourquoi nous serait-il interdit de profiter de tous les bienfaits que la terre et cette condition nous offrent ? 

Elle venait de passer devant moi. Elle me faisait face, la lune brillant le long de ses hanches si parfaites. Ses cheveux étaient détachés et couvraient sa poitrine, que je savais pulpeuse. Sur sa taille ne restait que sa robe déchirée par la transformation. Elle recommença à jouer avec ses lèvres aguicheuses. Elle fit un pas vers moi, prit ma main et la mit sur son sein sous ses cheveux.

« Mon cœur parle de lui-même et j’ai aussi besoin de me détendre, tout comme toi. »

Toucher sa peau fut électrique. Je commençais à sentir  une sensation particulière me gagner le corps tout entier. Un désir bestial et méconnu.

« Nous n’avons rien à perdre, tout à y gagner, je te veux tellement, embrasse moi ! » Sa voix chantait dans mon esprit et je perdais toute volonté sous ses arguments qu’elle déposait tels des lettres d’amour dans ma tête.

De rage, de colère et d’envie, je l’embrassai un peu trop sauvagement pour un premier baiser. Je lui en voulais d’être toujours si prévenante avec moi, d’être toujours si présente, si disponible, si attentive, si réconfortante, si fiable, si drôle,  si sensuelle, si parfaite. Je lui en voulais de ne pas être Claire, car je savais qu’elle m’aurait choisi moi et personne d’autre. Nous embrassâmes tour à tour, la violence des baisers devint plus langoureuse et plus délicate. Je m’arrêtai là pour ce soir, l’invitant à un vol nuptial en attendant la parade. Je ne voulais pas d’elle par colère ou sur un coup de tête. Ses lèvres avaient le goût de l’amour et je ne voulais pas profiter d’elle. Ce soir, elle avait fait naître l’espoir. Elle finirait par trouver les clés de mon cœur, que j’avais jetées en laissant la place à mon frère.

Je voulais me laisser le temps et je lui demandai d’en faire autant. Cette nuit-là, sous un ciel étoilé, nous avons volé pour rêver de victoire et d’avenir pour nous et pour vous.

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  • La raison du coeur est tel toujours toujours la meilleure Il nous arrive tous à un tournant de notre vie de devoir faire un choix: le coeur ou la raison. (Reproduction interdite sans autorisation .)
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