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Dévotion
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Dévotion
22 mai 2012

Le rendez-vous.

Comme d’habitude, les groupes avaient été scindés en deux, avec pour objectif de trouver des informations sur les vampires, ou mieux de découvrir où se cachaient Soltan et Moeira. Nos arcs étaient cachés sous nos capes. Cette fois-ci nous étions plus à l’ouest, dans un ancien petit village qui devenait une ville à grands pas. Sur terre, en 1902 le temps était au boom économique fondé sur la spéculation immobilière. Le chemin de fer faisait son entrée dans différentes régions, amenant de la main d’œuvre des campagnes.

Notre nouveau pied-à-terre était caché au cœur d’une vallée ;  il s’étendait maintenant jusqu’à la mer et portait le doux nom de Bellême.

La maison était adossée à la colline, en bordure de mer et le paysage au soleil couchant était envoûtant. Les rues étaient calmes. Seules quelques auberges  laissaient échapper des grands éclats de voix. Je me demandais déjà combien de temps allait durer notre séjour. La proximité de l’équipe dans les mêmes murs me donnait quelques inquiétudes. Kara se jouait déjà de moi, testant à chaque minute mes remparts depuis que nous avions posé un pied au sol. Elle ne cessait de rappeler ma promesse d’un dîner en tête à tête, me confiant son exaltation de se retrouver à travailler à mes côtés. Heureusement, Emeric et Sacha, eux, semblaient moins dissipés que la première fois et leur envie de faire mieux que l’équipe d’Artus était au premier plan.

Notre cachette était comme toujours somptueuse et raffinée. Il y avait plus de confort que nécessaire et cette fois il y avait trois chambres. Elle comptait un étage, qui donnait sur une terrasse face à la mer. Je pris bien entendu le sofa majestueux, qui trônait au centre du salon, en guise de lit. Chacun prit possession des lieux, préparant son matériel, prêt à combattre. Les premiers jours se passèrent à faire le tour de la ville. Par groupe de deux, nous écumâmes les échoppes, les tavernes, les rues, le port, à l’affût de la moindre conversation intéressante.  Le rendez-vous tant attendu de Kara eut lieu et si j’avais su qu’il serait si important pour la suite des événements, je crois que j’y serais allé en courant. J’avais profité que les garçons étaient absents bien plus longtemps qu’à l’accoutumée pour proposer à Kara d’honorer notre contrat. Elle sortit de sa chambre parée de mille feux, d’une allure un peu trop ostentatoire pour être discrète, et sans intention cachée. Heureusement, le dîner se tint sur la terrasse du premier étage de la maison. Comme un gentleman, je pris sa main et la fis monter à l’étage où nous attendait un repas aux chandelles sous le clair de lune. J’avais engagé une servante pour nous servir.

Une petite cloche annonça que le repas était servi.

Devant le regard ébloui de stupeur de mon invitée, je me dis que j’y avais peut-être été fort sur la touche romantique de la situation. Je tirai la chaise pour qu’elle puisse s’asseoir. Le décolleté de sa robe laissait entrevoir le tatouage de ses ailes incrusté dans son dos. Elle m’avait sorti le grand jeu et aucune personne sensée n’aurait pu rester insensible à tant de beauté. J’avais moi-même, par respect pour elle, revêtu ma plus belle tenue : un complet gris perle et une chemise en soie fine, trouvés dans l’une des penderies et parfaitement à ma taille.

       - Je vois que tu as fait les choses en grand, c’est vraiment magnifique. Dit Kara amusée.

       - Je te le dois puisque, grâce à toi, j’arrive à mieux me maîtriser.  Je m’étais assis face à elle.

       - Oui je sais, tu sembles avoir bien compris. J’essaie régulièrement de faire des intrusions dans ton esprit, pas par curiosité rassure toi, juste pour juger du travail que tu effectues. 

       - Pourquoi tenais-tu tellement à cette entrevue? 

       - Je ne vais pas te mentir. Même si la bienséance ne me l’autorise pas, je dois dire que tu ne me laisses pas indifférente et je suis sûre que je suis parfaite pour toi. Choisis-moi Satya, aujourd’hui, demain, pour l’éternité. 

J’étais ému et flatté par tant de sincérité. Qu’allais-je répondre à cette cour éhontée.

       -  Ce ne sont pas les hommes qui sont censés faire la cour aux dames? 

       - Si je ne me déclare pas, j’ai peur que tu ne m’échappes. Je sais que tu n’es pas prêt et je saurai attendre. Je veux juste que tu m’envisages. 

       - L’amour n’est pas fait pour moi Kara. J’ai fait des choix qui nous coûtent cher à présent et j’ai entraîné bien trop de personnes dans mon précipice. 

       - Tu ne peux pas t’interdire d’être heureux parce que ça n’a pas fonctionné la première fois, tu sais. Tout le monde fait des erreurs même les anges et c’est pour en tirer le meilleur. 

       - J’en ai tiré les conséquences et elles sont très graves, tu peux me croire, bien plus terribles que tu l’imagines.  Elle n’allait pas en rester là et tous les arguments du monde ne la feraient pas revenir sur ses paroles. Elle était si forte de caractère ; elle savait ce qu’elle voulait. J’allais devoir faire preuve de plus de persuasion.

Pendant la suite du dîner, elle se montra moins pressante et la conservation prit la tournure que je voulais, notre mission.

 La servante vint desservir et nous proposa un digestif avant de prendre congé. Elle se pencha au-dessus de la table et c’est à ce moment-là que,  dans la lumière du clair de lune, je vis la marque dans son cou. Mon souffle en fût coupé. Avais-je rêvé?

      - Nous prendrons un digestif, si cela ne vous dérange pas. Je vous paierai en conséquence, rassurez-vous! 

      - Comme il vous convient!  Elle prit congé.

Devant mon air inquiet, Kara m’interrogeait du regard. Je pris son poignet mais elle se méprit sur mes intentions. D’un signe de la main, je l’invitai dans mon esprit pour lui diffuser les images de l’instant passé. »

      - Tu crois que c’est ce que je crois ? Ses yeux étaient remplis d’excitation.

      -  Eh bien, c’était furtif et je n’ose imaginer que, sans même sortir de la maison, nous ayons peut-être une information. 

       -  On fait quoi maintenant ?  Kara caressait le dos de ma main du bout de ses doigts. La joie d’avoir peut-être trouvé quelque chose m’enivrait.

       -  Ce repas était peut-être la meilleure des idées. Je l’invitai à se lever et la fis tourner sur elle-même.

       -  Nous devons aller lui parler! Elle était maintenant dans mes bras, les yeux dans mes yeux et je sentais son souffle court dans mon cou. Je devais peut être lui laisser sa chance, peut-être avait-elle raison. Contre toute attente, elle me tira dans la maison derrière elle. Comme deux enfants, nous dévalâmes les marches en direction de la cuisine, à la recherche de la servante.

J’interceptai l’esprit de Kara :

      -   Et si nous nous trompions? 

      - C’est pour cela que l’on va aller voir de plus près, on improvisera sur place. Elle riait de bon cœur.

Dans la cuisine la servante, eu l’air très surprise de nous voir arrivé là en courant.

      -  Ah! Une araignée, regarde Satya! 

Tout le monde leva les yeux au plafond en suivant la direction du doigt de Kara.

Bêtement, je regardai également, avant qu’un coup de coude ne me percute les côtes.

     -  Pas toi idiot, regarde son cou, ça ne fait aucun doute. 

     -  Je ne vois rien. Dit la servante.  Je peux vous aider? Vous avez besoin de quelque chose ?  Elle continua à s’affairer sans s’occuper de nous.

     - Oui, effectivement Madame, j’ai besoin de vous parler, si cela ne vous dérange pas de passer au salon. La porte de la cuisine étant ouverte, je l’invitai à changer de pièce. Kara  passa devant, suivie de la servante.

     -  Madame, je peux vous demander qu’elle est cette blessure dans votre cou? 

Kara fit le tour et se mit stratégiquement devant la porte de sortie, la petite dame rondelette se trouvait entre nous deux. Rouge de honte, elle tâchait de cacher son cou. Penaude, elle tenta une explication.

      -  Heu, je ne saurais vous dire exactement, j’ai dû me faire piquer. Je sais, ce n’est pas très propre, j’aurais dû mettre un châle et j’en suis désolée, ce n’est pas présentable. 

      - Vous permettez que je regarde ? Je suis médecin voyez-vous et par conséquent je me dois de voir ce que je peux faire pour vous. 

La dame était gênée et reculait doucement pendant que Kara avançait calmement derrière elle.

      - Rassurez-vous, mon mari est un excellent médecin. Nous sommes venus ici avec l’expansion de la ville, dans le but d’ouvrir un cabinet. 

 Mon mari ! Elle était très forte. Je me félicitais de l’avoir auprès de moi à cet instant, elle était pleine de ressource.

      -  Très bien, si vous y tenez. Dit la patiente.

       -  Merci ! Asseyez-vous là que je regarde de plus prés. 

J’étais maintenant à genou, penché sur le cou de la servante. Deux petits trous enflés, rouges  au centre et violets autour, représentaient la plaie. Nul doute sur la provenance, mais pourquoi était-elle encore en vie.

       - Est-ce que cela vous fait souffrir? 

       -  Heu.., non pas vraiment, ça me démange en fait. Je ne sais pas pourquoi je n’arrive pas à cicatriser. 

       - Vous rappelez-vous depuis quand vous avez cette plaie? 

       - Je crois que ça fait environ deux mois. Je m’en souviens très bien car j’ai commencé à travailler à mon domicile grâce à une gentille dame qui m’a proposé de cuisiner pour elle, mais chez moi. Ce n’est pas courant vous savez et j’ai encore des enfants petits à la maison ; alors c’est très pratique. D’ailleurs, je vais devoir y aller. Tenez-vous toujours à votre digestif? 

       - Non c’est bon, mais, attendez, vous cuisinez à domicile ? C’est très bien. Accepteriez-vous d’avoir une apprentie ? Je vous paierai bien entendu. 

       - Oui pourquoi pas, c’est pour votre dame ou une connaissance? 

       -  C’est effectivement pour ma femme. 

       - Eh bien, je n’y vois aucun inconvénient. Chez moi ou chez vous? 

       -  Je préférerais chez vous, j’ai des aménagements à faire ici, ça ne sera pas pratique. 

       -  Comme vous voudrez, Docteur. 

       - Je passerai demain vous voir, pour que nous mettions en place une organisation. Je vais être très occupé les prochains jours et je ne veux pas que ma femme s’ennuie. Je pense qu’apprendre les plats régionaux serait enrichissant pour elle. 

       - N’est-ce pas chérie? 

       - Ce serait un immense plaisir effectivement, je te remercie de cette gentille attention. 

Kara me lança un regard noir. En retour, je lui adressai un clin d’œil d’excuse.

       - Je pourrai surveiller l’évolution de votre cou et vous prodiguer un remède approprié, bien évidement cela ne vous coûtera pas une pièce. 

       -  C’est très gentil, je serai ravie docteur. C’est une chance de vous avoir parmi nous, j’espère que vous vous plairez ici. 

      -  C’est un plaisir partagé. Je ne vous retiens pas, je sais que vous êtes attendue. 

Je lui mis un petit sac de pièces dans la main, largement supérieur à la valeur de la prestation commandée, mais elle ne savait pas à quel point sa propre personne devenait précieuse à nos yeux et que tout ce qu’elle pourrait nous apprendre n’avait pas de prix.

Une fois seule, Kara me réprimanda.

      - Comment ça, je ne fais pas bien la cuisine ? 

      -  Il faillait bien que je trouve une excuse, et puis ce n’est pas vraiment un mensonge. 

       -  Je ne sais pas le faire, c’est pire ! Je n’ai jamais cuisiné de ma vie. Elle éclata de rire et son rire communicatif me gagna.

       - Tu penses à ce que je pense? 

       -  Oui, nous avons mieux que des indices, nous avons une piste. Je me demande pourquoi elle est vie. 

      -  Moi, je me demande pourquoi un vampire lui commande des repas alors que le repas c’est elle. 

Les rires reprirent de plus belle. Cette soirée faisait renaître l’espoir et ça faisait des mois que je ne m’étais pas senti aussi bien. Je repensai à notre dîner et à l’envisager sous un autre angle, c’était libérateur. Kara avait pourtant tort, je n’étais pas assez bien pour elle. J’étais, ce soir, heureux pour la première fois depuis longtemps. J’avais hâte de raconter notre découverte à Emeric et Sacha. Nous devions mettre la servante sous haute, très haute surveillance et Kara en tant qu’apprentie serait aux premières loges. L’espoir venait de s’inscrire en moi.

Elle passa ses deux bras autour de mon cou et agita ses petits doigts sous mon nez.

     -  Je pense qu’il est temps de me passer la bague au doigt, Docteur, nous ne voudrions pas éveiller des soupçons sur un détail aussi important. 

Elle avait raison. J’avais vu l’œil de la servante, cherchant un anneau.

    -  Je m’en chargerai dès demain. 

Elle me serra fort dans ses bras. Je sentais sa poitrine sur mon dos et son cœur battre la chamade. Elle déposa un tendre baiser sur ma nuque.

    - Bonne nuit, mon cher et tendre.

Je déposai un baiser furtif sur sa main  encore autour de mon cou.

   -  Bonne nuit Kara, merci. 

thCA03HOKO

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  • La raison du coeur est tel toujours toujours la meilleure Il nous arrive tous à un tournant de notre vie de devoir faire un choix: le coeur ou la raison. (Reproduction interdite sans autorisation .)
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