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Dévotion
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Dévotion
22 mai 2012

La décision.

Je venais de déposer le petit corps blessé d’Elisabeth sur le lit. Trop absorbée par l’accident et le sang âpre consommé, je n’avais pas senti la nouvelle présence dans la pièce.

    - Bordel non ! Tout acte de vampirisme sur un enfant est interdit !   En une fraction de seconde je fus projetée sur le mur.

Les yeux encore vifs, je m’apprêtais de nouveau à bondir sur cette nouvelle proie, mais à mon grand étonnement c’était Soltan qui se tenait là.

    - Tu es fou, j’aurais pu te tuer ? 

    - C’est peut-être moi qui devrais le faire, je savais que cela arriverait tôt ou tard. C’est de ma faute, je n’ai pas été assez vigilant. 

    - Non, c’est moi. J’aurais dû savoir qu’un jour ou l’autre elle voudrait sortir seule. Heureusement que je suis arrivée à temps mais elle a perdu beaucoup de sang. 

    - De quoi parles-tu ? 

    - Du loup, bien-sûr. 

    - Quel loup ? Sur sa tête je lisais l’étonnement.

    - Celui qui est devant la maison, dans la clairière. 

Le visage de Soltan était crispé, il regardait tour à tour l’enfant, moi et la chose poilue étendue sur le sol, à travers la fenêtre.

    - Ne me dis pas que tu as cru que je m’étais nourrie sur notre fille ? Non, mais tu es fou, comment oses-tu y penser un seul instant ? Je ne veux plus jamais que tu doutes de cela, je préférerais mourir sur le champ, que les anges m’emportent plutôt  que de boire une seule goutte de son sang. C’est ma fille je ne pourrai jamais lui faire de mal. 

    - Chérie, pardonne-moi. J’ai senti son sang à des kilomètres. Il est tellement spécial que je n’ai même pas senti l’odeur répugnante de l’animal. Je suis rentré dans la maison et je t’ai trouvée là, le visage tuméfié de sang devant son corps inerte. Je te prie sincèrement de m’excuser.  Soltan tenta de passer une main attendrissante sur mon épaule, mais j’étais tellement peinée que je le repoussai sans ménagement.

Il tendit de nouveau la main pour me prendre dans ses bras.

    - Je t’aime ma douce, je suis un peu à cran. Je dois veiller en permanence à la paix  de nos troupes et les vampires n’ont aucun gène prédisposé à cela. La mort me court sur l’échine et met une pression sur moi qui me met à vif. Je me sens coupable de ne pas être plus présent  à tes côtés. Je finis par me laisser aller, j’étais contente qu’il soit là.

    - Pour le moment, je me fiche de tes problèmes, Elisabeth n’est pas en forme mais elle est vivante Je ne veux pas me disputer avec toi maintenant !  Et puis j’ai aussi mes torts. Je suis sortie pour déjeuner comme chaque jour, mais je ne sais pas ce qui lui est passé par la tête. Quand je suis rentrée, l’odeur du sang m’a mise en alerte sur le retour. Je me suis précipitée et je l’ai trouvée là, gisant sur le sol, l’animal prêt à bondir. Pour la première fois depuis des années je n’ai pas fait dans le détail, je me suis jetée sur la bête et me voilà sale de la tête aux pieds. 

    - Tu es magnifique, même si tu sens le chien mouillé. As-tu bu du sang humain, le rubis de tes yeux est lumineux. 

J’éludai la question, car j’avais honte de moi.

    - Je suis très inquiète,  son pouls est faible, sa tête a heurté un caillou. Je crains une commotion cérébrale, elle a perdu beaucoup de sang et la plante de ses pieds est aussi couverte de coupures. 

Soltan occulta Elisabeth. L’odeur de sang frais avait instantanément fait sortir ses canines. Il se voyait déjà lécher ses plaies une à une quand je le sorti de ses pensées. Il parcourut l’ensemble du corps de l’enfant avec ses mains, sans même le toucher.

    - Diagnostique Docteur ? 

    - Elle est très mal en point, on va devoir lui faire une transfusion ou accepter de la perdre. 

    - Je ne veux pas la transformer, hors de question, tu m’entends. 

    - Moeira, qui te parle de la transformer ? Il faut mélanger vos sangs pour cela. Il faut lui donner assez de sang pour guérir les plaies intérieures, sinon elle mourra. 

    - Son sang est ange, elle se transformera tu le sais parfaitement. 

    - Non, elle est mi- ange mi-humaine. Nous n’aurons pas besoin de beaucoup Moeira, seulement quelques gouttes.  

    - Oui, alors rajoutons lui le mi-démon, un peu plus un peu moins. 

    - Tu es si théâtrale, mais je suis navré de te dire que tu n’as pas le choix, si tu ne le fais pas c’est moi qui le ferai. Je refuse de la perdre elle est trop précieuse. 

    - Ok, mais si finalement elle se transforme que fera-t-on. 

    - Et bien nous aurons une fille de… quel âge a-t-elle maintenant ? Elle a encore tellement grandi. 

    - Une douzaine d’années, je pense. 

    - Eh bien,  nous aurons une fille de douze ans, tu pourras enfin sortir de cette foutue baraque et faire d’elle une parfaite chasseuse. Mais je reste persuadé qu’il faut mélanger nos sangs pour la transformer complètement. 

J’ôtai les feuilles de mes cheveux, tapotai ma robe poussiéreuse et fis un brin de toilette. Je pris place près d’Elisabeth. Soltan me tendit un coupe-papier.

    - Tu n’as pas d’autre choix Moeira ou accepte de la perdre à jamais. La quantité sera si faible. 

 Je me taillai une veine du poignet et avec l’aide de Soltan je fis tomber les gouttes de sang dans la bouche de la patiente. Je priais en pensée comme jamais je n’avais prié.

   - Monde des ténèbres, ciel si cruel, faites qu’elle ne se transforme pas. Personne ne mérite une éternité de damnation, prenez ma vie plutôt que la sienne en condamnation. Que mon sang venimeux soit en ce jour funeste un élixir de vie. Que mon geste impur la garde des envieux. Par ce sang je fais le don de moi, je prie, ce jour, pour que mon enfant reste pure. 

Une dizaine de gouttes perlaient dans la bouche d’Elisabeth.

    - C’est bon arrête, cela devrait être suffisant, mieux vaut si reprendre à deux fois. 

Contrairement à  moi, Soltan était excité. Tous ses sens étaient en éveil comme un animal. Il entreprit de suturer les plaies ouvertes. La salive du vampire refermait instantanément les incisions. A son grand étonnement, le sang de l’enfant n’était pas le mets délicieux qu’il attendait. La texture était sans précédent et le goût de fleur de jasmin était insolite, mais passés la surprise et le parfum capiteux, sa gorge devenait sèche. Les quelques gouttes posées sur sa langue l’empoisonnaient déjà. Dans sa tête il entendit ses propres règles « ne jamais boire sur une vierge, ne jamais se nourrir d’un enfant. » L’idée même d’y goûter était impossible. Soltan sortit à toute vitesse dans la cuisine rincer sa bouche encore et encore.

Sur ses pas, je le suivi, inquiète par mes propres soucis.

    - Tu sais, elle m’a vue tuer le loup à pleine bouche. 

    - De toute manière, tôt ou tard il aurait fallu lui en parler. Maintenant cela sera plus aisé. 

    - Je vais aller éloigner la carcasse du jardin sinon nous aurons bientôt encore de la visite.  Essaie de te préparer à ce que tu vas devoir lui dire, elle va se réveiller incessamment sous peu.

    - Merci de me laisser la tâche la plus ardue. 

    - Chacun son rôle, je vais dégager la bestiole et tu vas parler avec ta fille, rien de plus. Je ne suis pas doué pour dire les choses en finesse, tu le sais bien. 

Soltan sortit éloigner la dépouille.  Il devait se nourrir, En déposant le loup par-dessus son épaule il se demandait comment Moeira pouvait se contenter de boire du sang animal, elle devait beaucoup aimer cette enfant pour s’en contenter. Il était stupéfait de voir comment elle avait somme toute gardé le contrôle. Il savait pertinemment qu’elle ne s’alimentait pas correctement depuis que la petite était dans la famille. Il faudrait bientôt convaincre Moeira de partir d’ici et ça n’allait pas être chose aisée. Il entendait déjà la plaidoirie de sa douce. Une chance que la petite ne parlait pas, les entendre toutes deux geindre aurait été  trop fatiguant, surtout en ce moment.

Les différents groupes s’impatientaient de passer à la phase suivante, chacun échafaudait ses propres plans pour débusquer un ange. Plusieurs élus avaient trouvé  la mort entre les dents de la nouvelle famille. Le ciel allait porter un coup, il en était certain, il faudrait bientôt être très prudent. La vengeance serait terrible, si une personne le savait c’était bien lui, l’ange déchu.

 

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  • La raison du coeur est tel toujours toujours la meilleure Il nous arrive tous à un tournant de notre vie de devoir faire un choix: le coeur ou la raison. (Reproduction interdite sans autorisation .)
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