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Dévotion
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Dévotion
30 mai 2012

La bague.

  Comme prévu, je proposai à Vincent de se cacher pour le moment au presbytère. Je n’avais pas aimé cette impression de vide que j’avais ressentie, ne voyant pas ma belle m’accueillir sur le pas de la porte comme à l’accoutumée. Vincent était heureux de l’occasion que je lui offrais de récupérer un peu de dignité dans son nouveau monde obscur.  Dans la maison, les malles d’affaires que Moeira voulait emporter, attendaient derrière la porte avec une carte griffonnée  à main levée et un point précis m’indiquant où les retrouver.

       - Très cher Vincent, te voilà ici chez toi, le temps que je parle avec Moeira. Tu trouveras tout ce dont tu as besoin pour survivre. Les bois alentour sauront te repaître avec les animaux divers qui les peuplent.

      - Je vous remercie mille fois Soltan, j’espère que je serai toujours à  la hauteur de vos attentes et je vous le dis solennellement, je suis votre obligé et serviteur à partir de ce jour, je vous offre mon plus grand dévouement.

      - Dommage que tous les autres ne soient pas comme toi, on aurait moins de souci et nous pourrions progresser bien plus vite. Je te remercie de ton humilité et je l’accepte bien évidemment.

      -  Sachez que si je peux faire quoique ce soit je saurai répondre présent.

      -  Puisque tu en parles,  j’ai quelque chose d’important à te requérir. J’ai l’intention de demander la main de Moeira et nous allons célébrer cette union ici même, j’aimerais que tu sois le témoin d’honneur de cette union.

      -  Ce serait un honneur immense et je ne peux qu’accéder à votre requête.

      - Parfait, alors c’est entendu je te retrouve ici demain soir pour les préparatifs. Une dernière chose. Pour le moment ne t’éloigne pas des bois, tu n’as pas encore assez de force pour te battre avec qui que ce soit Et ne te laisse plus mourir de faim. Bonne chasse et à demain.

      - A demain et bonne chance pour votre demande. Une dernière chose, je suis curieux je sais, mais j’aimerais beaucoup voir la bague que vous allez lui offrir, si cela n’est pas inconvenant bien sûr.

     - Une bague ? Quelle bague ! Ce garçon était vraiment plein de fantaisies.

     - Ne me dites pas que vous allez poser un genou à terre et lui déclarer votre flamme sans un anneau à lui passer à son doigt.

     - Je suis navré mais je suis peu coutumier des procédés humains. Avant j’étais un ange et nous ne faisions pas ainsi là haut.

 Je voyais sa tête ahurie. Je ne savais pas si c’était dû au fait que je n’aie pas de bague ou au fait que je venais de lui dévoiler un de mes plus grands secrets. Je me trouvai soudain très embarrassé et moins sûr de moi. Mais avec toute son éducation il avait passé sous silence le plus difficile à comprendre, remettant certainement à plus tard une explication.

     - S’il en est de même pour la future dame alors je comprends, mais s’il en est autrement je vous conseille de réparer cet impair, sinon je crains que vous ne subissiez bien des reproches.

     - Eh bien Moeira était humaine avant d’être vampire, la plus merveilleuse des humaines que la terre ait portée.

      - Alors je vous le dis, elle s’attendra à recevoir une bague. Un gentleman choisit pour cette occasion le plus gros caillou qui peut s’offrir ou le plus brillant des anneaux. Dans votre cas vous pouvez obtenir facilement ce qui se fait de mieux. Il vous faut préparer un petit discours ou même un poème où vous lui conterez tout ce qu’elle représente pour vous. Idéalement la bague entre vos doigts, un genou à terre devant elle, vous lui déclarerez votre amour et lui demanderez : -  Veux-tu m’épouser ? 

Tel un professeur, il faisait les cent pas dans l’entrée,  m’exposant sa philosophie sur la déclaration que je devais formuler. Il me mimait la posture à adopter et il était là, devant moi, un genou au sol me demandant de l’épouser. Je trouvais cela très comique et embarrassant à la fois.

      - J’ai compris Vincent. Relevez-vous c’est un peu dérangent de vous voir me demander ma main.

     -  Heu.., oui pardonnez moi.

Toutefois, j’étais toute ouïe, prenant en considération chaque conseil pour obtenir un grand oui de ma future femme. Même si j’étais convaincu que peu importait la manière, la réponse serait favorable. Je voulais pour Moeira, qui ne rêvait que d’humanité, faire l’impensable et la surprendre. Je savais pertinemment que l’idée de Vincent était bien meilleure que la mienne, vu que je n’en avais aucune.

      - Je te remercie de tes précieux conseils. En arrivant en ville je m’occuperai de trouver la bague, il y a bien une bourgeoise qui sera ravie de se délester d’un de ses bijoux trop nombreux et d’un peu de sang par la même occasion.

     - Vous pouvez aussi la trouver chez un marchand vous savez, pas la peine de tuer quelqu’un pour autant.

     - Qui te parle de tuer qui que ce soit ? Ne me demande pas d’adopter ton régime alimentaire, mais crois le ou non je ne tue que lorsque je n’en ai pas le choix ! J’avais crié un peu trop fort sur mon ami qui avait fui derrière une porte.

     - J’ai bien compris, je ne voulais pas vous mettre en colère, chuchota-t-il.

     - Je vais avoir sûrement besoin de toi pour les préparatifs. Rejoins-moi au port de Bellême demain soir à la tombée de la nuit.

     - Je serai là, comptez sur moi.

     - Bon, je dois filer, à demain gamin et merci encore. Je refermai la porte et pris congé.

    Sur le chemin pour Bellême je me félicitai d’avoir ramené Vincent, il était un mélange de fils, d’ami et de second que je n’avais jamais eu. J’espérais qu’il ne me décevrait jamais car sa trahison me ferait tellement de peine qu’elle lui serait fatale. Je devrais le tuer de mes propres mains d’une mort longue et lente pour le punir. Je chassai cette idée pour me concentrer sur ma quête : trouver une alliance.

     Je m’assis sur un banc en ville dans le quartier le plus riche, caché sous un chapeau haut de forme volé à un passant un peu plus loin.  Je scrutai les mains des passantes.  Rien de très intéressant. Le temps pressait et ma soif grandissait. Tous les battements de ces cœurs confondus attisaient ma soif et déclenchaient des râles de brûlures dans ma gorge. Je commençais à perdre patience quand un petit rayon brillant vint piquer mon œil. Une belle demoiselle marchait à vive allure, les bras chargés de paquets. La pierre de son sublime pendentif autour du cou avait semble-t-il renvoyé un rayon de soleil attirant mon attention. J’y vis  un signe  et décidai de la suivre dans les ruelles plus étroites les unes que les autres. Sa course se fit plus rapide, et mon désir de sang fit d’elle ma proie. Tel un petit oiseau qui pressent un destin funeste, ma présence insistante lui fit accélérer le pas encore davantage. La belle se mit presque à courir en direction du port. Son instinct fut salvateur. Les pêcheurs et badauds regagnaient le centre ville, le parapet regorgeait de monde. Je l’avais perdue de vue quand je vis au milieu de la foule une ouverture se faire. Je devinai en dessin dans mon esprit, son talon ricocher sur le sol abrupt et  je la vis perdre l’équilibre. Mon ouïe très fine entendit le bruissement des paquets tombant au sol. Perdu dans la populace, je m’approchai de ma victime. J’aurais aimé me mouvoir plus vite, hélas j’aurais été bien vite découvert. Je me concentrai sur les battements de son cœur palpitant et je retins ma course. Je dus m’excuser plusieurs fois de percuter quelques passants et je sentais mes crocs saigner ma lèvre inférieure. La jolie fille ramassa en toute hâte ses paquets et dans sa course laissa glisser de son doigt son salut. Me sentant la poursuivre, elle ne prit pas la peine de tendre la main pour le récupérer. A mes pieds, à l’emplacement de sa chute, gisait un magnifique bijou doré, orné de petites pierres scintillantes. L’anneau était classique et sobre, rien de tape à l’œil. Je le trouvais magnifique et je le voyais déjà au doigt de Moeira.  Je ramassai prestement l’alliance et cherchai ma proie dans la foule, elle s’était volatilisée. Je ne percevais même plus l’ombre de son être, rien, le néant total comme si j’avais rêvé de cette fille.

 Le port était maintenant plus silencieux et je pris pour cible un pauvre malheureux qui déchargeait un bateau sur le quai. Hélas pour lui, je le laissai sec et mort, ma soif était trop grande et la petite traque m’avait ouvert l’appétit. Du bout du pied, je le fis rouler à la flotte. J’avais jeté un coup d’œil au petit plan laissé par Moeira. J’étais prêt à lui demander sa main. La bague en poche et rassasié, je n’avais plus qu’à trouver les mots. Je savais que son visage serait ma source d’inspiration.

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  • La raison du coeur est tel toujours toujours la meilleure Il nous arrive tous à un tournant de notre vie de devoir faire un choix: le coeur ou la raison. (Reproduction interdite sans autorisation .)
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