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Dévotion
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Dévotion
5 mai 2012

Comme un ange sans ailes.

    Près d’une semaine s’était écoulée. Nos deux équipes de recherches étaient en place, chacune de leur côté. Il avait été difficile d’apprendre à se déplacer sans ailes. Le goût de la nourriture était fade, dormir reposant ; c’était comme jouer un rôle, cela  semblait amuser Kara. Somme toute, faire semblant d’être un humain n’avait pas fait d’émule auprès des anges, chacun aspirait à retourner aux cieux rapidement.

Notre repaire  se trouvait à l’entrée d’un village, une petite maisonnette sans prétention, mais l’intérieur était tout autre : la décoration tape à l’œil, les meubles couverts de dorures, les fenêtres revêtues de velours épais, les lits cossus recouverts de drap soyeux et de grosses couvertures de laine. Il y avait tout le confort : une bibliothèque, un coin salon, une cuisine, une petite salle de bains. C’était une petite maison agréable qui servait pour héberger les anges en devenir, lors de leur vie terrestre. Le ciel en possédait des milliers à travers tous les pays. Dans cette habitation, il y avait deux chambres, dont une avec un grand lit. J’avais galamment laissé celle-ci à Kara, qui aimait se prélasser dans les draps et passer des heures devant la coiffeuse au bout du lit. A la voir faire, j’aurais  juré que Kara adorait ce petit aparté sur terre. Emeric et Sacha partageaient  la seconde chambre où se trouvaient deux lits simples, un bureau et une armoire en bois. Bien sûr les garçons auraient souhaité avoir la grande chambre, surtout Emeric qui avait les pieds qui sortaient du lit une fois allongé, mais personne n’avait contesté à haute voix.

 Quant à moi je dormais sur le sofa, quand j’arrivais à trouver le sommeil. J’avais du mal à faire taire les pensées de chacun avec cette proximité latente. Je sortais donc souvent seul, une fois tout le monde couché, afin de me ressourcer et de réfléchir à la journée à venir. Je retournais souvent redéployer mes ailes quelques heures derrière le bosquet. Une sorte de cure de jouvence, qui palliait  mon manque de sommeil, me permettant de retrouver toute ma vivacité.

Il n’avait pas été aussi douloureux de faire ressortir les ailes, ni de les faire rentrer. Tel l’avaient écrit les unificateurs ; c’est la première fois, la plus difficile. L’incrustation des ailes dans la peau, une fois faite, permettait maintenant de passer d’un état à l’autre en un instant et sans douleur.

 La vie sur terre  nous avait tous tellement humanisé que l’équipe avait tendance à se laisser aller et je devais souvent remettre de l’ordre en demandant à chacun de se contrôler.

Chaque apparition de Kara à la sortie de sa chambre donnait lieu à des élucubrations déplacées dans la tête des deux mâles et celle-ci se pâmait pour attirer mon attention.

Je préférais rester  indifférent, ce genre de chose m’avait déjà causé bien trop d’ennuis. Alors, je ne prêtais aucune attention à Kara. Mais je la trouvais très douée dans son domaine. Elle était plutôt d’agréable compagnie, son physique avantageux ne gâchait rien. Je n’étais pas là pour batifoler. Et les maigres indices me décourageaient.

Nous avions réussi à suivre quelques traces de sang qui partaient de la maison, mais elles s’étaient évaporées vingt lieux plus loin, en direction du groupe d’Artus.

Les habitants parlaient d’une malédiction qui venait les punir, d’autres disaient que c’était la lèpre ou le choléra. Les plus chrétiens mettaient les crimes sur le compte du diable. C’était encore eux qui étaient le plus proches de la réalité. Dans les villages avoisinants rien de concret, personne n’avait rien vu ni rien entendu.

De son côté Artus semblait avoir plus d’informations et son enquête avançait plus que la nôtre.

Au bout d’une interminable semaine, il ordonna de quitter les lieux pour rentrer au ciel.

Ma délivrance ; j’espérais trouver cinq minutes une fois là-haut et m’entretenir avec Claire. J’avais besoin de la voir, elle était ma drogue et je n’étais pas encore sevré. J’espérais que mon frère m’autoriserait à lui parler. Secrètement, je voulais l’embrasser, la serrer dans mes bras, revivre encore et encore ces quelques minutes passées dans ses bras. Je chassais aussi vite que possible mes pensées, il ne fallait plus que je l’envisage ni aujourd’hui, ni demain. Ne plus la voir aurait été une solution aussi bonne que de donner des yeux crevés à un aveugle. J’étais malade, malade d’amour, prisonnier dans ma propre cage et moi seul avait la clé. Je n’étais pas prêt à me libérer et pourtant, il fallait que je trouve la force nécessaire. Je m’étais damné tout seul, j’allais devoir me surpasser pour m’évader de ma prison dorée.

 

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