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Dévotion
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Dévotion
21 avril 2011

Dernière Vie.

Durant la réunion, une douleur atroce me sera la poitrine.

        - Samuel, ressens-tu  aussi cette douleur soudaine dans ton cœur ? 

        - Non, je ressens quelque chose de bien pire, la peur, le vide, le néant.

        - Claire !!  Avions-nous crié à l’unisson.

Le cri avait attiré toute l’attention de l’assemblée, tous les visages s’étaient tournés vers nous, comme un seul bloc.

        -  Artus !  Avait hurlé Clotaire à son tour.

        -  Prends ton équipe et partez vite avec Samuel et Satya, il est sûrement trop tard, mais sait-on jamais. Je vais prendre le relais.

Le groupe s’éclipsa en un instant, cinq minutes s’étaient écoulées quand nous arrivâmes à la demeure.

Devant la porte absente et la maison sens dessus dessous, une violente douleur immobilisa le cœur de mon frère, qui posa les deux genoux à terre.

       - Allez- y ! J’arrive, donnez-moi une minute. 

Artus avait fait un signe de la tête à deux de ses équipiers, leur intimant de faire le tour des environs.

      - Logan, Martin, vous sécurisez le périmètre. Satya  nous entrons ! 

Toute la pièce principale était pillée, la seule chose qui semblait être restée à sa place était un corps avachi sur un fauteuil à bascule, qui se balançait encore. Sous celui-ci, une mare de sang s’était formée.

Ce spectacle effroyable venait de faire naître un nouveau sentiment dans mes veines, une colère immense me submergeait.

     - Il ne faut pas que Samuel voit ça.  Je tendis immédiatement une main en direction du trou béant qu’avait laissé la porte, pour y fixer un champ magnétique hermétique obstruant l’entrée.  J’appréciais ce pouvoir lié à ma nouvelle famille.

Artus inspecta toute la maison, me laissant  devant l’insoutenable.

Penchée sur elle-même, Claire ne ressemblait plus qu’à un gibier ensanglanté, à demi-dévêtue. Toute la partie inférieure de son corps baignait dans son sang. J’approchai de la dépouille, plein d’espoir, fouillant sous sa cascade de cheveux à la recherche d’une pulsation cardiaque.

Un léger espoir vint réchauffer mes doigts, un faible battement chancelant et irrégulier résistait.

      - Artus !  Elle est encore en vie, ça ne tient plus à grand-chose, mais je peux encore la faire passer de l’autre côté. 

Ce jour sombre, je regardai Artus, plein d’espoir, suppliant une approbation.

     - Je ne sais pas Satya,  il l’a peut-être transformé, elle est peut-être en train de reprendre des forces. 

Un hurlement retentit, Samuel était bloqué devant la barrière magnétique de la porte.

     - Satya, je t’en conjure prends-la ! Tant qu’il est encore temps, coûte que coûte, tu as juré ! 

Artus était en train de calculer les probabilités, il n’était pas habilité à prendre une telle décision.

    - Laisse entrer Samuel, qu’il essaye  de minimiser l’hémorragie, son pouvoir de réparation des chairs pourrait nous faire gagner du temps. Je remonte prendre conseil. Je vous laisse Logan et Martin. Ne commets pas d’imprudence, je compte sur toi. 

D’un geste vif, je retirai le voile de la porte, Samuel n’eut même pas le temps de voir Artus sortir de la maison, quand il pénétra sur le lieu du crime.

     - Tu dois le faire Satya ! 

Je prenais en plein cœur sa peine et sa douleur ajoutées à la mienne. Claire mourrait à petit feu et nous avec elle.

     - Nous allons essayer de gagner quelques minutes, le temps qu’Artus revienne. 

Nous allongeâmes le corps meurtri sur le lit. Une fois étendue, on pouvait voir un trou béant dans l’abdomen de Claire. Aucune trace de morsure, aucune autre cicatrice, la bouche de la victime était nette, pas d’absorption de sang de sa part.

      - Mon dieu, quel monstre peut faire une chose pareille, pourquoi lui tailler le ventre. 

Ma tête tournait, des flashs venaient de superposer dans ma mémoire deux images presque identiques de Claire : Claire dormant dans la chambre l’autre nuit  et Claire maintenant. Le sol trop froid sur lequel je l’avais ramassé, son sang trop chaud qui ne cessait de couler. Les images mêlées aux sensations trouvaient leur place dans le ko de ma tête.

Le puzzle venait de prendre place. Sans hésiter plus longtemps, je procédai à l’ablution. Extirper l’âme  était difficile, il fallait retrouver où sommeillait son dernier souffle. J’étais épuisé, tendu, malade de ce désastre.

Je caressai ses tempes en lui murmurant ma première et dernière déclaration d’amour.

      - Je t’aime tellement, ne l’oublie jamais mon ange, tu seras toujours ma lumière au loin dans la nuit, à jamais, pour toujours et pour l’éternité. Je veillerai en secret sur tous tes souhaits. 

Samuel n’avait jamais vu une ablution et c’était bien normal car personne ne s’occupait du travail de l’autre. Secoué par l’enjeu et l’intimité de la tâche, il s’était mis en retrait, dans le coin le plus sombre de la pièce pour ne pas déranger. Il  referma ses ailes sur  son corps, pour prier et ne plus se sentir inquisiteur devant ce tableau désolant.

      - Que le ciel soit à la hauteur de sa grandeur, qu’il laisse grâce à un ange de retrouver son âme sœur. Je prie pour Claire, car son cœur se meurt, aide-la tout puissant à retrouver le chemin, que Satya la rapporte parmi les siens. Amen. 

Penché sur ma princesse, mon âmes tentait toujours de la convaincre de resté en vie encore quelques secondes, perdu dans son être j’arpentais les méandres de sa tristesse pour la convaincre de revenir. Toujours recroqueviller sur elle-même je l’invitais à me regarder. Je lui assurais qu’il n’était pas trop tard et que j’étais enfin là, venue la sauver. Elle était perdue tout au fond d’elle-même, telle  une petite fille pleurant. A l’aube de ses lèvres, je l’implorais de me suivre. Quelques choses que je n’avais jamais connu jusqu’à ce jour se produisit, après une hésitation, elle me tendit doucement sa main frêle et apeurée, l’obscurité de son être laissa place à une lumière grandissante, un morceau de piano se mit à raisonné dans l espace temps, ses yeux plongés dans les miens, j’entendais sa chanson pourtant sa bouche restait fermer seul son cœur chantait ;

Regarde il neige, la sous nos yeux
Tous nos principes font des envieux
Toutes ses promesses qui s'évaporent
Vers d'autre ciel, vers d'autres corps

Et mes rêves s'accrochent à nos échanges

Je t'aime trop fort ça me dérange
Et mes rêves se brisent sur tes louanges
Je t'aime trop fort
Mon ange, mon ange

De mille odeurs une seule me touche
Lorsque tes lèvres effleurent ma bouche
De tous ses vents un seul m'emporte
Lorsque tes ailes passent ma porte

Et mes rêves s'accrochent à nos échanges
Je t'aime trop fort ça me dérange
Et mes rêves se brisent sur tes louanges
Je t'aime trop fort
Mon ange, mon ange

Prends ma souffrance donne moi tes larmes
A trop subir je pose les armes
Respire encore mon doux mensonge
Que sous ton souffle mon temps s'allonge

Et mes rêves s'accrochent à tes échanges
Je t'aime trop fort ça me dérange
Et mes rêves se brisent sur tes louanges
Je t'aime trop fort
Mon ange, mon ange

Seul sur mon sort, en déséquilibre
Mais dans mon corps, mon cœur est libre
Ta voix s'efface de mes pensées
Comment vivrais-je ma liberté

Et mes rêves s'accrochent à nos échanges
Je t'aime trop fort ça me dérange
Et mes rêves se brisent sur tes louanges
Je t'aime trop fort
Mon ange, mon ange….

Durant toute sa mélodie, je la sentais fragile, pénétrer en moi  hésitante et malheureuse j’avais aspiré son âme et elle c’était laissé faire, l’ablution pris fin sur ses dernières paroles et j’étais sonné, sans voix. J’étais comblé et le plus malheureux des anges. Elle m’aimait, comment allais-je pouvoir vivre avec cet aveu, cette chanson serait à partir de ce jour mon plus grand secret et ma force, elle était si parfaite, tout était dit à présent.

C’était terminé, comme à chaque ablution, le corps disparut en poussière en quelques instants. Maintenant il fallait remonter l’âme au ciel, la déposer dans l’incubateur pour sa nouvelle vie. Sa vie d’ange.  J’allais bientôt devoir justifier les faits, entendre la punition, essayer de recommencer une autre vie sans elle, mais au moins durant sa vie d’humaine elle m’avait aimé. Lorsque je pris le chemin du ciel, la neige tombait. Des petits flocons duveteux s’écrasaient sur mon visage pour fondre et ruisseler le long de mes joues.

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  • La raison du coeur est tel toujours toujours la meilleure Il nous arrive tous à un tournant de notre vie de devoir faire un choix: le coeur ou la raison. (Reproduction interdite sans autorisation .)
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