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Dévotion
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Dévotion
12 août 2012

Escapade.

Comme convenu, Samuel me rejoignit dans ma chambre. Je cherchais toujours une excuse pour éventuellement annuler  notre petite escapade mais je ne trouvais rien. Par ailleurs, je devais bien admettre que j’étais fier de pouvoir l’emmener tel un espion dans ma vie secrète.

    - Alors, prêt pour l’aventure ? Demandais-je à mon frère.

    - Tu n’imagines même pas à quel point, je n’arrive pas à tenir en place depuis que je t’ai quitté. J’ai pris soin de dire à Claire que je devais m’occuper de la mise en place des futures naissances pour demain et que par conséquent je ne serai pas disponible ce jour.

    - J’aurais peut-être dû aussi trouver une excuse pour Kara. Ayant quitté le bal, elle va sûrement vouloir me parler pour avoir une explication.

     - Rassure-toi, toutes les filles ont été sollicitées  pour être demoiselles d’honneur pour les mariages, Claire et Kara compris.

    - Super, dans ce cas nous sommes tranquilles pour la journée. Alors sortons d’ici.

     - Tu ne prends pas de sac ? M’interrogea Samuel.

     - Mes affaires ne sont pas ici, nous devons nous disperser pour ne pas éveiller les soupçons. Retrouvons-nous sur la piste nord d’envol. Pars devant, je dois aller chercher mon équipement, je te rejoins là-bas. Ne t’arrête pas en route, chaque minute compte. Je ne pouvais pas me montrer avec Samuel dans les appartements d’Artus, c’était trop risqué. J’évitais par la même occasion de lui montrer notre cache et ce qui allait avec. Je ne trahissais pas mes amis en protégeant notre lieu avec son passage secret. Je n’exposais que moi–même si je rencontrais l’un d’entre eux.

Devant la porte d’Artus, mon cœur battait la chamade. Je n’avais même pas trouvé de prétexte à donner si jamais il se trouvait là. Je scannai les alentours. Je ne perçus aucune présence. La pièce était vide, je fis précipitamment un sac, par acquis de conscience je griffonnai un petit mot que je laissai à l’attention d’Artus. Si ça tournait mal, il saurait où me trouver. Si tout se passait bien, je récupérerais le mot à mon retour. Je tirai le livre qui déclencha le mécanisme du passage secret. Dans le sas, je récupérai ma gourde et mon arc et je me laissai tomber dans le vide pour arriver le plus vite possible sous le niveau des jardins des unificateurs, juste quelques mètres au-dessus de mon point de rendez-vous.

Samuel m’attendait, caché dans les nuages.

   -Tu en as mis du temps mais, qu’est ce que c’est que tout ce matériel ?

   - Plus tard les questions, suis-moi !

Je me dirigeai directement vers l’ancienne maison de Claire, là où tout avait commencé. L’endroit était resté stérile depuis l’attaque et le manque d’habitation alentour assurait de passer incognito. Cependant, dès notre arrivée, je rétractai mes ailes, invitant Samuel à faire de même. Je dissimulai mon arc sous une grande cape qui me descendait aux chevilles et dans un silence de plomb nous courûmes jusqu’à la demeure.

    - Voilà, nous devrions être tranquilles, le temps que je te donne quelques explications.

    - Tu es sûr de vouloir revenir ici. Cet endroit me donne la chair de poule.

    - Claire est en bonne santé, alors cesse de faire ton peureux.

    - Alors montre-moi ce que tu caches là-dessous. Il désigna la cape, ses yeux étaient rivés dessus.

    - Tiens-toi prêt ! Ce que je vais te montrer et te raconter est digne d’une histoire fantastique. Je fis glisser le manteau de mes épaules pour laisser apparaître mon arc flamboyant et ma gourde armée de ses flèches.  Mon frère recula de deux pas. Je ne savais pas si c’était par crainte ou pour mieux admirer. Je vis à son visage qu’il était bluffé. L’effet de surprise l’avait muré dans un silence d’émotion. Puis l ‘étonnement laissa place à un flux de questions.

   - Mon dieu, je n’ai jamais rien vu de pareil. C’est avec cela que vous chassez les vampires ? Comment ça fonctionne ? Vous en avez tous un ? Même les filles ? Est-ce que les unificateurs sont au courant ? Est-ce que c’est lourd ? As-tu déjà tiré avec ?

Mille et une interrogations venaient prendre le relais une à une, sans que j’aie le temps d’apporter la moindre réponse. Il s’était lancé dans un monologue de demandes et c’était bien normal. J’attendis qu’il les pose toutes et quand il fut enfin à cours, je commençai mon récit par le début. Je lui ouvris mon monde au travers de mon esprit, je lui fis revivre mes premiers débuts : la boîte dans ma chambre, Artus nous expliquant le fonctionnement des arcs, la gourde, les flèches, l’entraînement, les appartements de celui-ci avec notre porte secrète. Je lui retranscrivis les émotions vécues lors de l’apprentissage de l’arc. Je le faisais spectateur de ma vie passée sans lui ces derniers mois. J’étais un livre ouvert et j’avais le meilleur des lecteurs. Samuel se délectait de chaque passage, la cuisinière, Bellême, le cabinet de Docteur et Kara. Je ne lui cachai rien, je voulais qu’il sache tout, qu’il se rende compte du danger, de mes craintes et de mes espoirs. C’était libérateur de me livrer ainsi à lui. J’avais l’impression de purger mon âme. L’inquisition de ma vie dura pratiquement toute la journée. Nous étions épuisés d’être restés là face à face en tant qu’humains.

   - Il est temps d’aller ressortir nos ailes, avant de tomber d’épuisement.

  - Cet état d’humain est pénible. Je ne sais pas comment tu fais pour t’y acclimater aussi bien.

   - Je n’ai pas le choix, mais je te promets, on s’y fait très bien. Manger est plutôt agréable. Rentrer dans des draps frais après une journée harassante est une vraie récompense. Tout a un sens particulier et différent du ciel.

  - Je reste sceptique. Je te remercie pour le cadeau que tu viens de m’offrir, je suis très fier de toi et je me rends compte que tu prends un énorme risque en partageant tous cela avec moi. J’ai encore une dernière requête si tu me le permets.

    - Bien au point où j’en suis, je ne peux plus rien te refuser il me semble.

     -  C’est juste une vérification. Je te préviens tu vas trouver cela très absurde mais, je dois pourtant essayer.

    - Pas la peine de plaidoyer, dis-moi le simplement.

    - Je voudrais tenir ton arc, pour m’assurer de quelque chose. Il pressa son pendentif pour faire ressortir ses ailes et je fis de même.

      - Bien entendu, tu sais bien que tu ne pourras pas t’en servir, il appartient à mon âme.

      - Là, est toute l’importance de ma demande Samuel.

      - J’ai peur de comprendre et je dois dire que c’est l’occasion de savoir.

Notre intuition nous mettait en contact avec la réalité profonde de ce que nous étions. L’arc entre ses mains devint flamboyant. Il me reconnaissait en lui. La même âme ou peut-être plus simplement mon complément d’âme. Nous étions devant l’évidence, mon arc ne faisait pas la différence, comment Claire pouvait sentimentalement nous dissocier.

      - Je pense que nous venons d’avoir la réponse.

 L’un en face de l’autre, l’arc flamboyant nous séparait. Je l’empoignai à mon tour en superposant mes mains sur celles de mon frère. Nous étions le miroir de l’autre, seule la couleur de nos ailes nous différenciait. Une lumière encore plus rayonnante changea la couleur dorée en un flux couleur pierre de lune vaporeux. Cette lumière s’écarta jusqu’à nous englober dans une bulle, pareille à un champ magnétique.

       - Eh bien je suis certain que personne n’avait prévu ça. Et je crois que ce n’est que le début des surprises. Samuel et moi formions une sorte de clé, je n’arrivais pas à le croire.

      - La communion de nos âmes décuplait les effets de l’arc et le modifiait. Entourés de toute cette lumière, nous sentions la puissance et le pouvoir nous envahir de plus en plus.

      - Comment ça fonctionne d’ordinaire ? demanda Samuel, déboussolé.

      - Nous armons et nous nous concentrons sur notre cible. Mais, là il n’y  a pas d’ennemi. Pourtant je sens une force m’habiter et je n’arrive pas à m’en défaire.

      - Satya, on doit aller au bout de l’expérience. Si j’ai compris comment le mécanisme fonctionne, d’après ce que j’ai vu au travers de tes souvenirs, nous allons essayer quelque chose.

      - Ca me paraît trop dangereux ! Je commence à ne plus rien contrôler Samuel.

       - Curieusement, moi je me sens surpuissant et confiant, ce qui est plutôt l’inverse d’ordinaire.

      - Je n’aime pas ça, nous devrions arrêter et voir avec Artus ce qu’il en pense.

      - Aie confiance en moi pour une fois Satya. Qu’est-ce que tu veux le plus au monde, en dehors de Claire cela va de soi ?

      - Je veux retrouver Elisabeth, bien évidemment. Et par conséquent je dois retrouver Moeira ou Soltan ou les deux.

      - Très bien, c’est également ce que je veux le plus. Ferme les yeux et concentre-toi sur Soltan. Il avait pris l’ascendant sur moi et au point où nous en étions, je décidai de le suivre dans son raisonnement.

A ce moment précis, je  sentis un coup de vent balayer mon visage et celui de mon frère. Une flèche s’était miraculeusement placée dans l’archer. Dans notre bulle, tous deux accrochés à l’arc, nous étions en position, prêts à combattre. La pointe touchait la bordure de champ qui nous englobait.

      - Et maintenant, quel est ton plan ?

      - Regarde Satya, j’ai du mal à le croire.

 Au bout de la flèche, des cercles se dessinaient sur la sphère transparente, comme une sorte de cible. Le processus prit quelques secondes mais cela nous parut une éternité tellement nous cherchions une explication logique.

      - Est-ce que c’est une cible ? Trois points rouges, brillants, venaient d’apparaître entre les cercles.  Le viseur se repositionnait  suivant le mouvement des points. La puissance de l’ovale nous obligeait à nous déplacer.

      - Je crois que cela indique une direction ou un lieu précis et que l’arc veut nous y conduire.

       - C’est trop dangereux, nous ne sommes pas assez nombreux, on ne sait pas ce que l’on va trouver là-bas.

       - Et bien Satya, c’est toi qui es dans la peau du peureux ? Je suis sûr de moi, suivons la  direction de la flèche et nous verrons bien. Tu veux retrouver Elisabeth oui ou non ? Imagine, si plus tard tu te rends compte que c’était le jour où ils avaient décidé d’en faire leur repas !

      - Comment oses-tu avancer de tels arguments ? Sa phrase m’avait mis dans un état second.

      - Tu ne m’en laisses pas le choix, désolé. Nous allons ouvrir cette porte, sortir de cette baraque et suivre la direction de l’arc ; ensuite nous aviserons.  Je me félicitai d’avoir laissé un message à Artus car dorénavant je savais que je ne reviendrais pas à temps pour le retirer. Nous allions au devant des problèmes. J’étais à la fois curieux et inquiet de ce qu’allait donner notre expédition. Pour autant, je me rassurais sur le pourquoi du comment des choses. Ca ne pouvait pas être le fruit du simple hasard. Pour la première fois, je découvrais mon jumeau sous un aspect méconnu. Il devenait moi et je devenais lui, c’est comme si j’étais passé de l’autre côté du miroir et j’avais confiance.

 

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  • La raison du coeur est tel toujours toujours la meilleure Il nous arrive tous à un tournant de notre vie de devoir faire un choix: le coeur ou la raison. (Reproduction interdite sans autorisation .)
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